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Sécurité : L’avenir de la vidéosurveillance passe par l’IP

La première des questions à se poser est comment bien définir le projet en amont. Quand un client demande à installer un système de vidéosurveillance, il est important que l’installateur le conseille. Rares sont les directeurs en informatique, ou les particuliers, qui savent ce qui existe et ce qu’il est réellement possible de faire. Mais la demande est toujours la même : je veux savoir ce qui se passe chez moi. Il va donc falloir accompagner le client pour préciser son besoin afin d’établir un véritable cahier des charges. Bien entendu, les besoins et le budget ne sont pas identiques entre une entreprise et un particulier.
Même si votre expérience d’installateur compte énormément, conseillez à votre client d’aller sur des installations. Mieux : emmenez-le sur une de vos installations. Aller voir des applications comparables avant de se lancer est essentiel. Les retours sont intéressants et permettent de gagner du temps et d’éviter des recherches ou des erreurs.
Cette définition du projet conduit à des choix techniques. De la moins chère des technologies (simple écran de contrôle) à la caméra numérique consultable via Internet (IP). Mais le prix de l’IP tombant chaque année, il est prévu que toutes les caméras soient IP d’ici à quatre ans. Donc pour que l’investissement soit rentable, il semble intéressant de convaincre le client de la flexibilité de la solution IP.
Beaucoup de paramètres doivent être pris en compte, mais il y a évidemment des priorités. Un magasin de centre-ville, une entreprise en zone industrielle, une société de transports ou un centre commercial n’ont pas les mêmes besoins ni les mêmes priorités. Pour le magasin, c’est plus le vol à la tire qui est ciblé et donc l’analyse en temps réel, alors que pour une entreprise, la priorité sera l’anti-intrusion. Dans l’industrie, la vidéosurveillance peut s’apparenter à de la mise en sécurité des personnes. Pour être certain de bien définir le besoin, il est important que vous rencontriez les personnes qui seront concernées directement par cette vidéosurveillance. Pour ne pas perdre de temps, pourquoi ne pas demander aux fabricants sélectionnés de se déplacer et de faire l’analyse à votre place. Attention tout de même, car certains fabricants de caméras, comme de logiciels, sont éphémères et se créent au gré des opportunités. Il vaut donc mieux se tourner vers les marques historiques et établies.
Même si ce n’est pas à l’installateur de gérer les problématiques d’images de la vidéosurveillance, il sera confronté aux remarques désobligeantes sur le côté « flicage ». Dans le cas de l’installation de caméras dans une municipalité, l’accueil d’un tel système est souvent mal perçu par les habitants et favorable du point de vue des commerçants. Il s’agit d’une vidéosurveillance positive, d’utilité publique. Le système a un rôle préventif et les caméras sont visibles et signalées. Les enregistrements ne sont analysés qu’en cas de problème.

L’analogique fait de la résistance
En vingt ans, la vidéosurveillance a connu des changements profonds. Depuis l’arrivée du numérique, la technologie migre de l’analogique vers l’IP au gré du renouvellement des parcs installés. Les demandes des différents marchés ont progressé vers des services de contrôle d’accès, de vidéosurveillance et de vidéoprotection, puis d’automatisme. Mais sous l’effet des ventes croissantes de téléviseurs haute définition (HD) pour le grand public, cette technologie est entrée chez les professionnels et la majorité des ventes se font aujourd’hui en HD. Que ce soit à la Fédération française de domotique ou à la Smart Buildings Alliance, on constate ce changement profond. Pourtant, selon l’étude Ifsec Global (voir brève ci-dessous), 58 % des interrogés ont encore des caméras analogiques. Mais rien n’est perdu, car 65 % d’entre eux se disent tentés par les caméras HD.
« Si l’on considère les coûts supplémentaires engendrés par l’achat de supports pour une fixation classique ou murale, de câbles pour l’installation d’une caméra de surveillance et les autres frais opérationnels, le passage à la technologie 4K permet de réduire significativement ses frais, explique Gérard Figols, responsable européen du marketing produit de Panasonic Security. Nous considérons que la caméra 4K de Panasonic réduit les coûts de surveillance vidéo de moitié, étant donné que sa qualité d’image et sa couverture remplacent quatre caméras full HD. Avec les caméras de surveillance placées dans les parkings de centres commerciaux, par exemple, on arrive à reconnaître les modèles, couleurs et plaques d’immatriculation des véhicules. À cela s’ajoute la nécessité de la présence d’un personnel de surveillance. Pour une couverture complète d’un parking de 50 000 mètres carrés, 70 caméras HD au total sont nécessaires, alors que seules 21 caméras 4K de Panasonic suffisent », fait valoir Gérard Figols.

Pourquoi l’IP ?

L’invention de l’Internet Protocol IP a modifié notre monde et bouleversé celui de la communication. Pour Jeremy Rifkin, l’essayiste américain spécialiste en prospective, dans « La nouvelle société du coût marginal zéro », il serait même à l’origine de la troisième révolution industrielle. À la clé, gain de productivité et économies substantielles, mais réduction de personnel. Le nuage (cloud) stocke les images et les vidéos, et les rend consultables de n’importe quel point sur le globe. Ceci est rendu possible par une réduction du flux vidéo permis par les caméras IP. En effet, elles compressent numériquement les images en limitant le flux (images par seconde). Elles produisent des vidéos HD tout en réduisant la bande passante utilisée.
Cependant, il ne faut pas confondre caméra IP et enregistreur doté d’une interface IP qui, lui, sera limité par la norme CCTV de 576 lignes (PAL), la compression n’étant pas faite à la source (dans la caméra). Les caméras CCTV, accessibles également par Internet, ont un flux vidéo permanent et non compressé.
Les caméras IP, bien que plus coûteuses, sont l’avenir de la vidéosurveillance. Leur flexibilité et la standardisation des protocoles permettent le transport de l’image et du son à coût quasi nul. Dotées d’un processeur et d’un OS (système d’exploitation), elles sont capables de traiter en interne différents événements.

Analyse des données
Est-ce que la tendance à tout contrôler y est pour quelque chose ? Toujours est-il que les acheteurs de systèmes de sécurité succombent à l’analyse des données de vidéosurveillance. Depuis la crise de 2008, les entreprises ont appris à fonctionner à effectif réduit et la vidéosurveillance permet des réductions substantielles en personnels des sociétés de gardiennage. Du coup, les plates-formes de logiciels analyses ont un énorme potentiel dans de nombreux secteurs. La porte est ouverte aux installateurs électriciens pour démarcher le commerce de proximité. Notamment le commerce de détail et le suivi du comportement des clients. Pas étonnant alors que, déjà, 18 % des répondants affirment avoir un système analytique. Le concepteur et fabricant français de solutions pour la sûreté et la supervision du bâtiment Alcea propose une interface au graphique dynamique, capable de visualiser simultanément des images de plusieurs caméras ou systèmes vidéo. Cette interface visualise l’ensemble des événements en temps réel sur une mosaïque d’images, et inclut les informations des systèmes tiers. Parmi les fonctionnalités les plus innovantes que fournit l’analyse intelligente, on retrouve le comptage de personnes, l’analyse de mouvements avec filtrage renforcé et définition de zones, ou encore la détection de maraudages. Ce qui permet, par exemple, de remarquer si une personne reste trop longtemps sur une zone donnée. L’analyse d’images est aussi capable de détecter la disparition d’objets en cas de vol. Elle gère également la remontée d’alarmes qui, archivées dans un journal d’historique, offrent une traçabilité des événements.

Un système complet
Pour éviter les écueils technologiques, les clients et les installateurs préfèrent privilégier les systèmes intégrés, quitte à être captifs. Cette solution est souvent plus coûteuse, mais c’est avant tout la fiabilité qui prévaut. Certains préfèrent les solutions ouvertes et interopérables et IP correspond à cette philosophie. Dans ce cas, c’est l’interopérabilité qui prime. D’autant plus qu’avec le protocole IP, le cœur du système s’est déplacé de la caméra vers l’informatique sécuritaire, informatique et services généraux travaillant dorénavant ensemble. La qualité de l’architecture et la protection du réseau en dépendent. Depuis peu, le PoE, Power over Ethernet, qui fournit la puissance électrique grâce au réseau Ethernet, fait son apparition. Cette technologie la rend compatible avec les appareils répondant à la norme internationale pour l’interopérabilité des produits de sécurité IP Open Network Video Interface (ONVIF), mais aussi avec l’Internet Protocol version 6 (IPv6). Ces normes ont été créées afin que les produits sur IP de la vidéosurveillance puissent communiquer entre eux sans encombre. Par exemple, la caméra Trendnet TV-IP312PI fonctionne en Power over Ethernet (PoE) et enregistre des flux vidéo jusqu’à 2 048 x 1 536 pixels, à 20 images par seconde en H.264. De plus, cette caméra est capable de diffuser ses vidéos en direct sur les smartphones, qu’ils soient animés par iOS ou Android. Enfin, elle est équipée d’un logiciel professionnel gratuit permettant de gérer jusqu’à 32 caméras.

La vidéosurveillance pour faire autre chose

C’est bien gentil la vidéo, mais ça peut servir à autre chose qu’à la surveillance. Par exemple, à l’assistance. Comme nous l’avons dit plus haut, les caméras IP sont capables de traiter en interne différents événements, mais aussi de générer des actions comme le déclenchement d’une alarme, l’annonce d’un message, etc. Elles peuvent notamment adresser une séquence vidéo enregistrée sur détection de mouvement ou sur déclenchement d’alarme directement par e-mail. Par exemple, dans la gestion des parkings, la vidéosurveillance devient un outil d’exploitation qui permet d’améliorer le service aux usagers, comme de les assister et les guider aux caisses de paiement ou aux accès des parkings. Avec la vidéo, le temps de présence est étendu pour garder le contact avec les usagers. En combinant la vidéosurveillance, l’interphonie et l’exploitation, auxquelles s’ajoutent l’éclairage et la musique, les usagers se sentent en sécurité. Dans certains parkings, la vidéo et l’interphonie sont couplées à la sonorisation générale pour, le cas échéant, parler directement aux usagers au comportement suspect.
Chacun doit trouver le rôle exact de la vidéosurveillance qui lui convient. Le coût élevé de l’installation oblige à se demander si, comme dans l’exemple des parkings, la fonction première de voir ce qu’il se passe sur un lieu ne peut pas être utilisé à autre chose.


Les commerçants autorisés à déployer un dispositif de vidéoprotection aux abords de leur boutique
Depuis le 1er mai 2015, les commerçants et les particuliers ont le droit de déployer un dispositif de vidéoprotection aux abords immédiats des bâtiments concernés sur la voie publique. Une attestation doit certifier que les caméras extérieures sont déconnectées des caméras intérieures. Paru le 30 avril dernier, le décret n° 2015-489 du 29 avril 2015 relatif à la vidéoprotection entérine cette démarche : les commerces particulièrement exposés à des risques d’agression ou de vol peuvent installer des caméras de vidéosurveillance donnant sur la voie publique.


Echos de la techno
Nubo, la 1re caméra de surveillance 4G connectée
Panasonic Cameramanager a mis au point une nouvelle caméra autonome offrant tous les avantages d’une caméra de sécurité mobile et de la connectivité 4G. Conçu aussi bien pour un usage intérieur qu’extérieur, ce modèle inédit résiste aux intempéries et assure la connectivité des capteurs grâce à une radio sans fil intégrée. Nubo peut donc communiquer avec des capteurs externes tels que des détecteurs d’ouverture ou de mouvement.

DR : Panasonic

État des lieux de la vidéosurveillance

Ifsec Global vient de publier un livre blanc sur les technologies de vidéosurveillance actuellement installées au Royaume-Uni et dans le monde. Des centaines de chefs de la sécurité et autres décideurs clés dans l’acquisition et l’exploitation de systèmes de surveillance ont été interrogés. Le document de recherche examine, entre autres, les dernières statistiques sur l’utilisation de l’analyse statistique comme un outil de travail et la migration actuelle de l’analogique vers l’IP.

DR : IFSEC Global survey surveillance

Investissement dans les transports
Une étude internationale réalisée auprès d’organisations de transport en commun indique que les opérateurs du monde entier continuent à investir dans les technologies de protection d’attaque à bord, et dont la majorité d’entre elles se dit intéressée par l’adoption de la surveillance en temps réel et de l’analyse vidéo avancée afin de mieux protéger les passagers, les équipements et les installations. L’enquête a été menée par UITP, l’association internationale du transport en commun, et Axis Communications. 97 % des répondants ont déjà installé des caméras de sécurité.

DR : UITP
David Le Souder: Rédacteur en chef magazine Electricien+ en charge du développement de www.filière-3e.fr Dirigeant de l'agence de communication Mediaclass et responsable marketing opérationnel indépendant; Master marketing industriel. De 1998 à 2007 : responsable communication chez SICK AG De 2007 à 2009 : responsable communication chez Siemens Industry Automation and Drives Technology Depuis 2009 : responsable marketing opérationnel indépendant.