Une participation tardive…
Mardi 11 août 2015, la convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques a finalement reçu la contribution nationale de l’Australie pour la COP21. Cet événement, qui représente l’une des réunions les plus importantes en faveur du développement durable, aura lieu à Paris en décembre 2015. Son objectif principal est simple : limiter à 2°C le réchauffement climatique, afin de sauvegarder l’environnement de notre planète. Dans ce contexte, les Etats membres de la Convention ont jusqu’en Octobre 2015 pour publier leurs engagements… L’Australie était l’un des derniers pays développés à ne pas encore avoir réagit aux demandes de la Convention. Premier exportateur mondial de charbon et de minerai de fer, le pays est l’un des plus gros émetteur de carbone par habitant : une grande partie de son électricité est produite par des centrales à charbon. La publication de ses objectifs en vue de la COP21 était donc très attendue par les organismes en charge de cet événement. Le pays s’est ainsi engagé, dans la journée d’hier, à réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 26 à 28% d’ici 2030 (par rapport à 2005), et souhaite porter la part des énergies renouvelables à 23% en 2020, ainsi qu’augmenter l’efficacité énergétique d’au moins 40% sur les quinze prochaines années. Tony Abbott, le premier ministre australien, a ainsi déclaré que l’Australie sera un « participant très constructif à la COP21 » : « Nous ne sommes pas en tête, mais nous ne sommes certainement pas à la traîne. » Le problème ? Les objectifs dévoilés dans la contribution ne seront pas suffisants, et ont même été jugés « décevants ».
… jugée insuffisante
En effet, si l’on compare les objectifs de l’Australie avec les données enregistrées en 1990, il est aisé de remarquer que la réelle réduction des émissions de gaz à effet de serre ne correspond qu’à une baisse de 6,6%. Cela représente bien mois que les pays développés de l’Union Européenne par exemple (-40%), ou encore la Russie (-25%). Si les Etats-Unis prévoient une baisse similaire, la période donnée est bien plus courte : la réduction aura lieu en dix ans, et non quinze. De plus, ces objectifs ne suivent pas les recommandations procurées par de nombreux organismes de recherche. Pour ne pas dépasser la limite de réchauffement de la planète de 2°C, l’Autorité australienne sur le changement climatique (groupe d’experts indépendants), avait recommandé en juillet dernier une réduction des émissions de gaz à effet de serre de 60% d’ici 2030 (par rapport à 2000). Les objectifs annoncés par Abbott sont loin du compte. L’organisation Oxfam chiffrait quand à elle une nécessaire réduction de plus de 65%. Les ONG ont également réagi à la publication de ces chiffres peu ambitieux, et critiquent vivement l’insuffisance de cette contribution. « Le gouvernement semble décidé […] à maintenir notre économie dépendante des énergies du siècle dernier : le charbon et le gaz. » s’est indignée l’Australia Conservation Foundation. Et pour cause : le premier ministre australien est lui-même un grand défenseur de l’industrie du charbon. L’an dernier, ce dernier a supprimé une taxe sur le carbone, ainsi qu’un plan visant à mettre en place un marché de crédits carbone. L’association australienne Climate Council a pour sa part déclaré que les objectifs australiens « sont largement insuffisants pour protéger les Australiens des impacts du changement climatique. » Tony Abbott a notamment répondu a ces attaques en déclarant que le pays devait être responsable sur le plan environnemental, mais également sur la plan économique : « Nous devons réduire nos émissions d’une manière qui soit compatible avec la poursuite de la croissance ». Cette annonce, qui survient à quelques mois de la COP21, est une preuve supplémentaire de l’engagement insuffisant des Etats dans l’organisation de la Conférence. Une telle déficience aux objectifs internationaux pourrait, à terme, engendrer l’échec de l’objectif de limiter à 2°C le réchauffement climatique.