Dans un contexte où les enjeux liés au climat sont au centre des préoccupations, la consommation et la production de charbon reste un débat important. A moins de cinq mois de la COP21, qui se déroulera à Paris, les promesses de la France en matière de soutien au charbon paraissent contradictoires. Retour sur des décisions à la trajectoire changeante.
Quels sont les enjeux du charbon dans le cadre de la transition énergétique ?
Le projet de loi sur la transition énergétique et la croissance verte, adopté à l’Assemblée en Octobre 2014, prévoit de grands objectifs énergétiques. Fixés à moyen ou long termes, ils visent notamment une réduction de la consommation énergétique finale de 50% en 2050 (par rapport à 2012), ainsi qu’une baisse de la consommation des ressources fossiles de 30% en 2030. En résumé, le texte fixe une série d’objectifs visant à une plus grande sobriété et une meilleure efficacité énergétique, promeut les filières renouvelables et favorise le développement des initiatives énergétiques des régions françaises. Doubler la part des énergies vertes d’ici 2030 et diminuer de 30% la consommation d’énergies fossiles… Ces mesures appellent sans aucun doute à l’arrêt pur et simple de la consommation de charbon, une des énergie les plus polluantes pour la planète. En brûlant, il émet de nombreuses particules de soufre, cendres, métaux lourds et radioactivité. Selon l’Agence Internationale de l’Energie Atomique, une centrale à charbon ou à fioul rejette dans notre environnement 10 à 100 fois plus de radioactivité qu’une centrale nucléaire de puissance comparable… Inutile de préciser que la diminution de la consommation de l’énergie fossile due au charbon est devenue un enjeu d’envergure. Si la France n’est pas mauvaise élève au niveau de sa consommation de charbon (elle l’utilise pour 3,6% de son électricité seulement), elle continue de soutenir sa production, via des garanties à l’exportation ou encore la construction de centrales à l’étranger. Une question reste donc à se poser : Où en est réellement la France face au soutien du charbon ?
Des décisions favorisant l’arrêt de la production de charbon
Le 1er Mars 2013, le président de la République, François Hollande, interdisait à l’AFD (Agence Française de Développement) de financer la construction de centrale à charbon dans les pays du Sud, si ces dernières étaient conçues sans captage ou stockage de CO2. Cette décision permettait notamment une accélération de la transition vers les énergies renouvelables, en coupant les vivres au développement de la production de charbon. Les ONG parlaient alors d’exemplarité, et reconnaissaient cette décision comme un symbole fort de lutte pour les énergies renouvelables. En Juin 2013, la France perd cependant son statut de bonne élève. Le président américain Barack Obama annonce, de son côté, la fin définitive de tout soutien public au charbon, alors que la France continue de soutenir les installations de centrales à charbon, par le biais de crédits à l’exportation, en passant par la Coface (Compagnie Française d’Assurance du Commerce Extérieur). L’organisme offre en effet des garanties publiques aux entreprises françaises, qui exportent leurs technologies dans les pays du Sud, au cas où leurs clients feraient défaut de paiement. Si cette aide paraît négligeable, la Coface aurait tout de même garanti des projets charbon à hauteur de 1,3 milliard d’euros entre 2001 et 2014, selon les calculs de l’AEF. Afin de réagir aux critiques suite à la diffusion de ces chiffres, François Hollande annonçait, en Novembre 2014, que les industriels français vendant des centrales à charbon à l’étranger ne pourraient plus compter sur les interventions de la Coface. Cette décision correspond à un grand pas en avant pour la France, qui prouve ainsi son désir de stopper tout soutien à la production et la consommation de charbon.
Une modification des engagements français
Cependant, si ces premières promesses paraissent mener la France vers un arrêt total du soutien à la production de charbon, elles sont modifiées en Juin 2015. Et ne correspondent plus vraiment à un arrêt définitif de la production de charbon. En effet, lors du Conseil national sur la transition énergétique, le gouvernement retravaille sa problématique, et annonce que les projets de centrales les moins polluantes et celles implantées dans les pays moins développés ne serait plus concernés par la fin de « l’aide au charbon ». Or, toutes les autres centrales, fortement polluantes ou implantées dans des territoires plus développés, ne sont déjà plus financées par la Coface : cette décision révèle en fait une absence totale d’impact sur le développement des énergies renouvelables.
A moins de cinq mois de la Conférence des Nations Unies sur le changement climatique (COP21), les objectifs de François Hollande paraissent donc loin de la réalité face à la « fin » du soutien public au charbon. Cette décision contradictoire peut en fait être justifiée de manière simple : l’enjeu financier que représente la vente d’équipements et de services pour centrale à charbon. Pour l’entreprise Alstom, elle représente 20 milliards d’euros par an. Dont 700 millions sont issus de la production française. Outre l’aspect financier, ces actions permettent également d’engager 700 employés français, ce qui représente un rempart face à l’arrêt de cette tranche de production de l’entreprise.