Le 1er Juillet dernier, au sommet de la Tour Montparnasse, avait lieu la conférence « Smart Cities : de l’utopie à la réalité », organisée par les Echos Events. Rassemblant tous les publics concernés par l’aménagement des villes de demain, cet événement était l’occasion de revenir sur de nombreuses problématiques actuelles. Quels seront les projets urbains de demain ? Comment intégrer les smart buildings dans nos villes ? Quels sont les nouveaux usages et services que permettent les villes numériques ? Retour sur ces débats abordés par les professionnels du milieu.
Quels seront les projets urbains de demain ?
Cette première édition de « Smart Cities » a permis d’analyser les différents enjeux urbains des villes du futur, tout en prenant compte des retours d’expérience des premières villes intelligentes. Selon Jean-Philippe CLEMENT, responsable de la mission Ville intelligente et durable de Paris, les futures Smart cities doivent répondre à un modèle de ville en trois axes : « Nous essayons de développer une vision […] qui vient mixer trois modèles de villes : la ville numérique et connectée, la ville durable (qui reste l’objectif ultime de nos projets), et la ville dite « ouverte », porteuse de valeurs comme l’innovation, la participation, la transparence et l’éco-système. » Pour Alexandre GARCIN, en charge du développement durable et de la ville numérique à Roubaix, dans le nord de la France, la ville intelligente doit se construire autour de cinq principes de base. Pour permettre le développement de l’économie circulaire sur le territoire, une démarche zéro déchets est nécessaire. D’autre part, la ville numérique doit être envisagée avec les acteurs du territoire : pour que toutes les catégories de la population s’insèrent dans le processus numérique, un enseignement aux pratiques du digital paraît indispensable. Selon A. GARCIN, la Smart city de demain doit également se faire par l’analyse de la situation économique du territoire, afin de travailler avec les acteurs locaux (comme la société OVH à Roubaix par exemple). Enfin, l’écologie doit être au cœur de ces villes : à l’échelle du territoire, le maximum d’énergies propres doivent être utilisées.
Les deux participants sont finalement en accord sur le fait que les futures villes intelligentes se doivent d’être interconnectées avec leur environnement économique, sociologique et naturel : c’est par l’harmonisation de ces facteurs que les Smart Cities de demain seront réalisables.
Comment intégrer les smart buildings dans nos villes ?
L’intégration du bâtiment comme performance économique, environnementale et sociale est également une problématique importante lorsqu’il s’agit d’aborder le sujet des Smart Cities. L’architecte Vincent CALLEBAUT est l’un des acteurs alliant écologie, économie et lien social, par ses projets de quartiers intelligents et respectueux de l’environnement. Les architectes d’aujourd’hui ont en effet été éduqués par cette problématique environnementale, au cœur des objectifs de construction de demain. Le projet « Paris Smart City 2050 » de Vincent CALLEBAUT en est le parfait exemple : l’utopie d’une « ville-système », venant rapatrier l’agriculture du futur au centre de la ville. Les bâtiments seraient ainsi totalement auto-suffisants en terme d’énergie, capables de satisfaire leur besoin en énergie et d’en produire suffisamment pour « nourrir » les anciens bâtiments haussmanniens. Le but en 2050 serait alors d’atteindre une réduction de 75% d’émissions de CO2… Mais ce projet est-il vraiment réalisable ? Pour le moment, l’organisation en terme d’architecture et d’urbanisme bascule petit à petit. Le premier échelon à gravir pour permettre aux villes de devenir « intelligentes » reste le domaine du numérique. « Il faut comprendre que le bâtiment et la ville sont en train de changer d’ère : on passe à celle du numérique. », déclare Emmanuel FRANCOIS, président de Smart Building Alliance. Selon lui, le pré-requis aux smart cities est bien le fait de rester connecté. Pour cela, il faut penser de façon globale, et ne pas seulement se focaliser sur l’économie d’énergie. La santé, la technologie, les structures étatiques sont autant de facteurs qui doivent interagir ensemble pour que le développement fonctionne. Il paraît donc indispensable de penser ouvert, durable (en renouvelant l’usage des bâtiments au fur et à mesure du temps par exemple), et renouvelable (en passant d’un système centralisé à un système décentralisé). Evidemment, en discutant de tels engagements, la question de l’investissement se pose. A celle-ci, Pierre SORBETS, responsable du secteur public chez HSBC France, répond que le problème n’est pas le manque d’argent, mais le manque d’investissements privés : pour la plupart des entreprises, les résultats à long terme, dans le domaine du renouvelable, ne sont pas assez concrets.