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Le futur de l’énergie cinétique : des éoliennes sans pales ?

DR.

Une structure inédite

L’éolienne à trois pales, que l’on pourrait qualifier de « classique », fonctionne sur un concept simple : elle transforme l’énergie cinétique du vent en énergie mécanique, puis électrique, en utilisant des courants laminaires (ou réguliers). Les éoliennes Vortex, elles, ne récupèrent pas l’énergie via le mouvement circulaire d’une hélice, mais en utilisant un effet aérodynamique provoqué par les tourbillons d’air. Cela est rendu possible par la structure même de l’éolienne Vortex : deux anneaux magnétiques sont installés à leur base et se repoussent, ce qui provoque une oscillation de l’équipement dans deux sens opposés, et ce indépendamment de la force du vent. Les mâts de l’éolienne, conçus avec de la fibre de verre et de la fibre de carbone, restent léger tout en étant extrêmement résistants. Selon ses concepteurs (David Suriol, David Yáñez et Raúl Martin), cette structure légère permettrait à la machine de réduire ses coûts de fabrication de 53%, de baisser le coût de l’énergie produite de 40% et celui de l’empreinte carbone de 40% également. Enfin, le bruit et le risque d’accident avec les oiseaux ou les chauves-souris serait quasi-supprimé.

L’éolienne Vortex : avantage ou inconvénient ?

Les créateurs du Vortex ont conçus trois types de machines, dont la plus imposante, le Vortex Gran, mesurerait 170 mètres de haut, pour une capacité de 1 MW. Cependant, à ce jour, seuls deux prototypes ont été testés dans des conditions réelles, et le résultat montre qu’ils capteraient 30% d’énergie cinétique en moins que les éoliennes dites « classiques ». Ces dernières mesurent parfois plus de 90 mètres de hauteur, et affichent une puissance de 2 à 3 MW chacune, ce qui permet d’alimenter une population de 2 000 personnes en électricité… Avec une production de 4 kW, les prototypes Vortex sont loin du compte. Ce défaut majeur pourrait pourtant, selon David Suriol, être compensé par le fait de pouvoir installer deux fois plus d’éoliennes Vortex dans le même espace, compensant la perte d’énergie dû à la structure de la machine. Afin de comprendre si ces produits peuvent rivaliser avec une éolienne classique, il faudra attendre de voir si les grands modèles de Vortex, de 1 MW, sont capables de résister aux forces du vent. En effet, les architectes et ingénieurs ont tendance à fuir les effets aérodynamiques provoqués par les tourbillons d’air, depuis l’accident du pont de Tacoma (Etats-Unis) en 1940, qui constitue l’un des plus célèbres accidents de génie civil. Après de violentes oscillations dues à cet effet de tourbillons d’air, le pont s’était en effet effondré… Afin de mener à terme ce projet d’éoliennes Vortex, financé à la base par la société espagnole Repsol (spécialisée dans l’exploration, la production, le transport et le raffinage du pétrole et du gaz naturel), ses concepteurs viennent de lancer, début Juin, une campagne de crowdfunding.

Celine Delbecque: