Le renforcement de la lutte contre le changement climatique attendu à l’occasion de la prochaine conférence internationale sur le climat de Paris en décembre prochain, devrait logiquement faire la part belle aux différents mécanismes de tarification du carbone, qu’il s’agisse des politiques de taxation ou de marchés des quotas en vigueur au sein de l’Union Européenne. Des stratégies qui posent toutefois la question du bon prix du carbone, mais également de l’évaluation du bilan carbone d’une entreprise et de la prise en compte dans ce cadre de toutes les émissions de CO2, que celles-ci soient directes ou indirectes.
Fixer un tarif du carbone dissuasif, voilà une des principales mesures évoquées pour lutter contre le réchauffement climatique et inciter les groupes énergétiques, comme l’ensemble des entreprises polluantes, à s’engager dans la voie d’un développement durable et renouvelable. Une stratégie qui se veut efficace tant que le prix du carbone reste élevé et dont l’équité dépend avant tout d’une méthode de calcul des émissions infaillible et juste.
Dans ce cadre et si les émissions directes de gaz à effet de serre sont comptabilisées de manière efficace dans la production d’électricité à partir de combustibles fossiles tels que le charbon, le fioul ou le gaz naturel, les émissions indirectes applicables tout au long du cycle de vie du moyen de production, ne sont pas systématiquement intégrées. Or, une étude récente a démontré que 70% des émissions de gaz à effet de serre d’une entreprise relevaient justement des émissions indirectes émises lors des phases de construction ou de déconstruction, d’extraction ou de fabrication des matières premières, de transport des marchandises, de déplacement des salariés ou des opérations de maintenance.
Autant d’activités cumulées qui ont donc un effet réel sur le climat et le réchauffement planétaire et qui bouleversent ainsi la hiérarchie des énergies décarbonées. Les moyens de production solaires par exemple auront ici un bilan carbone beaucoup plus important que les autres énergies décarbonées que sont l’éolien, l’hydraulique ou le nucléaire, et cela dû en partie au processus de fabrication des panneaux photovoltaïques.
En France, plus de 4000 bilans carbone ont été réalisés ces dernières années dans tous les secteurs économiques et au sein d’entreprises de toutes tailles, et ont clairement démontré que le surcoût lié à l’estimation des émissions indirectes était minime par rapport aux bénéfices économiques identifiés dans les plans d’action.
La méthode Bilan Carbone conçue par l’Ademe et gérée aujourd’hui par l’Association Bilan Carbone intègre donc ces émissions induites et a permis à la France de construire une véritable expertise sur la comptabilisation des émissions de gaz à effet de serre reconnue internationalement, avec une méthodologie robuste et plus de 2500 professionnels formés.
L’évaluation des émissions de gaz à effet de serre est d’ailleurs devenue obligatoire pour les entreprises de plus de 500 salariés, les collectivités territoriales de plus de 50.000 habitants et les établissements publics de plus de 250 personnes, comme défini à l’article 26 du texte de la loi Grenelle II.