Depuis septembre 2013, Jérôme Ferrier est Président de l’Association française du Gaz et a été élu en 2008 comme Président de l’Union internationale du gaz pour le triennat 2012-2015. Il est en charge en particulier de l’organisation du Congrès mondial du gaz, qui se tiendra à Paris du 1er au 5 juin. Au programme, 56 sessions portant sur l’ensemble des thématiques du secteur, 80 pays représentés et plus de 3 500 délégués attendus, qui viendront aborder les principaux défis à venir de l’industrie gazière.
Quels sont les enjeux de cette édition française du Congrès Mondial du Gaz ?
L’organisation de ce Congrès vient conclure trois années de mandat français à la tête de l’Union internationale du gaz. Pour cette édition, trois axes majeurs seront développés, résultat des travaux de trois task forces spécifiques : le premier, Gas Advocacy aura pour objectif de trouver les moyens d’améliorer la communication autour de la plus propre des énergies fossiles, mise à mal par deux sujets : L’exploitation des gaz de schiste et le torchage du gaz sur les champs d’exploitation de pétrole. Le second objectif sera de développer un dialogue constructif avec l’ensemble des parties prenantes, comprenant des autorités publiques, des ONG, des Organisations internationales, le plus souvent par le biais d’accords et en démontrant que le gaz peut être un facteur de stabilité dans les relations internationales. Des accords ont été signés récemment avec la Banque Mondiale, l’UNECE, l’International Peace Institute, et d’autres sont en cours de finalisation. Enfin, le troisième axe est celui lié au capital humain et développé en partenariat avec l’UNESCO. En plus de ces trois thématiques principales, les quatre jours du Congrès porteront chacun sur un thème principal : (gaz et développement durable, gaz en complément des énergies renouvelables,, gaz dans les pays émergents…). Sans oublier l’enjeu fondamental qu’est celui de la transition énergétique, et pour lequel le gaz a été, au départ, le grand oublié.
En quoi le gaz offre-t-il des perspectives dans le cadre de la transition énergétique, quelle sera ou pourra-être sa place ?
Au centre du débat sur la transition énergétique, on retrouve bien sûr l’électricité et à juste titre. Seulement, un point est à clarifier : il est totalement contre-productif d’opposer l’électricité qui est une énergie secondaire et le gaz, qui est une énergie primaire. En prenant pour exemple l’un des axes du projet de loi présenté par le gouvernement français, celui du tout électrique pour les véhicules, il faudra d’une manière ou d’une autre produire cette électricité nécessaire au fonctionnement des véhicules, dans le meilleur des cas grâce à des énergies renouvelables, dans le pire, grâce aux centrales fonctionnant aux énergies fossiles. Quitte à utiliser du gaz, du pétrole ou du charbon pour produire l’électricité nécessaire au fonctionnement des véhicules, pourquoi ne pas réfléchir à un moyen d’utiliser directement le gaz pour les faire fonctionner sans passer par une étape intermédiaire devenue sans objet ? La question du gaz commence à être prise en compte et certains amendements favorables déposés par nos parlementaires devraient être intégrés au texte final.
Quelles sont les perspectives pour le gaz renouvelable dans le mix énergétique ?
Les premiers signaux positifs commencent à se faire sentir en Europe, mais une prise en compte réelle du potentiel offert par le gaz n’interviendra qu’à l’issue de la mise en application d’une politique forte sur les émissions de CO2. Il faut savoir que le gaz émet deux fois moins de CO2 que le charbon dans la génération électrique, pourtant utilisé pour produire de l’électricité en période de pointe et 1,5 fois moins que le pétrole. L’alternative qui s’offre à nous aujourd’hui est le gaz issu de la méthanisation, notre gaz vert. Pour le moment, les freins réglementaires sont encore trop importants pour un développement à grande échelle de la méthanisation. D’autant que ce nouvel arrivant pose certains problèmes d’insertion au réseau : le gaz issu de la méthanisation doit être mis aux normes techniques du réseau en termes notamment de qualité. Cette nouvelle production présente un enjeu considérable pour la filière gazière, mais son développement réel ne pourra se faire que progressivement.