Datacenter : un site de production avant tout

Christophe Weiss, directeur général d'APL

Au contraire des usines des entreprises industrielles, les datacenters sont encore bien souvent exploités « à la petite semaine », faute de méthodologies et de procédures documentées. Face à la criticité croissante des systèmes d’information, n’est-il pas temps d’industrialiser l’exploitation de leurs infrastructures techniques ?

Datacenters : un déséquilibre entre conception et exploitation

La majorité des entreprises consacrent des moyens considérables à la construction de nouveaux datacenters ou à la réhabilitation de biens immobiliers, pour pouvoir y accueillir leurs salles informatiques. Or, au quotidien, c’est la bonne exploitation du bâtiment et des matériels qui y sont hébergés, qui permet de garantir le niveau de service attendu aux utilisateurs. Ainsi, sur l’ensemble de la durée de vie des datacenters (entre 10 et 20 ans), leur exploitation a un coût supérieur à leur conception. Pour autant, le volet « exploitation » est encore bien trop souvent le parent pauvre des cahiers des charges de conception, car, en ce domaine, la maîtrise des coûts prime encore majoritairement sur la maîtrise des risques.

L’exploitation, clé de voûte de la continuité de service d’un datacenter

Concrètement, l’exploitation des datacenters revêt deux aspects : d’une part, la gestion des évolutions régulières des infrastructures IT, physiques et logiques, réalisée par les équipes informatiques. Et, d’autre part, la gestion du bâtiment et de ses infrastructures techniques fluides (alimentation électrique, refroidissement…), prise en charge par les services généraux ou départements immobiliers.

 « Sur l’ensemble de la durée de vie des datacenters (entre 10 et 20 ans), leur exploitation a un coût supérieur à leur conception. »

Dans le secteur industriel, cette double gestion est organisée depuis de nombreuses années : l’exploitation quotidienne des usines est soumise à des procédures documentées d’installation, de maintenance et de résolution d’incidents. En matière de datacenters, c’est encore assez rare. Pourtant, une exploitation industrielle des salles informatiques produit les mêmes effets : meilleur pilotage global des investissements, homogénéisation des méthodes de travail et processus opérationnels (maintenance, gestion quotidienne, sécurité, protocoles en cas de dysfonctionnement…) et amélioration de la qualité de service.

 

L’exploitation industrielle des datacenters : un investissement rentable

L’industrialisation des processus d’exploitation des datacenters nécessite un investissement, en temps, mais également financier. Elle requiert une véritable coordination entre les équipes en charge de l’IT et celles en charge de la gestion des biens immobiliers de l’entreprise. Au total, environ une année est généralement nécessaire à la rédaction d’un cahier d’exploitation exhaustif, depuis l’inventaire des installations et la définition des procédures jusqu’à leur finalisation, en passant par les tests des différents scénarios.

 

Un investissement qu’il convient de mettre en perspective avec les bénéfices pour l’entreprise : la mise en place de procédures standardisées et fiabilisées contribuent à limiter le nombre d’incidents, en particulier les incidents liés à de mauvaises manipulations. Les protocoles documentés permettent également de mettre en place des KPI (Key Performance Indicators) de suivi des objectifs de niveaux de service, du respect des interventions, de l’évolution capacitaire, des temps de corrections suite à incident…

 

Ces données peuvent être regroupées dans des tableaux de bord, pour un meilleur pilotage global de l’ensemble des datacenters d’une entreprise ou d’un groupe. Elles facilitent également la gestion de la relation avec le prestataire en charge de la maintenance multitechnique (PMT), quand l’exploitation est externalisée : les procédures s’appuient sur des protocoles précis, définis en amont du contrat, et les engagements de niveau de service peuvent être contrôlés sur la base de KPI objectivisés.

Christophe Weiss, directeur général d’APL

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