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Le charbon : un bilan pour 2014

Jean-Marc Guillier (c)filiere3e

Le charbon est la première source d’énergie primaire, et pèse pour 41 % dans le mix énergétique mondial. La quantité d’énergie générée en 2011 par la combustion du charbon s’élevait à 9 100 térawatts heure, 50 % de plus que dix ans auparavant. Seule exception à ces tendances alarmantes, la transition du charbon vers le gaz aux États-Unis a fait baisser la part du charbon dans la génération d’énergie des pays de l’OCDE de 33,4 % à 32,1 % entre 2011 et 2012.

La Chine est responsable pour l’essentiel de l’explosion de la demande de charbon et d’énergie : pour la satisfaire, le géant asiatique a accru ses capacités de 48 gigawatts (GW) pour la seule année 2012 et pèse pour 50 % de la consommation mondiale de charbon, avec un total de 3 678 millions de tonnes (Mt). Suivent ensuite l’Inde et ses 753 Mt, représentant 10 % de la consommation mondiale. L’Allemagne, géant industriel, a mis en activité 2,7 GW supplémentaires en 2012. Au total, la demande de charbon devrait passer de 7 697 Mt à 8 799 Mt entre 2012 et 2018, soit une augmentation moyenne de 2,3 % par an.

En parallèle, les progrès technologiques rendent la production d’énergie plus efficace, grâce à une réduction des pertes et des émissions de carbone. Trois types de centrales coexistent : les centrales équipées de la technologie dite de cycle sous-critique – en référence à la pression dans la turbine – sont les moins efficaces. Entre 2006 et 2010, la Chine a fermé 77 GW de production sous-critique, et prévoit d’éliminer encore 20 GW d’ici 2015. L’Allemagne, elle, a déjà mis fin à 1,4 GW de génération sous-critique et vise encore 1,5 GW pour 2015. Ces unités de production sont remplacées par des cycles supercritiques voire ultra-supercritiques. 64 % des centrales en construction appartiennent ainsi à ces deux dernières catégories, aux rendements bien meilleurs.

Cette évolution s’accompagne également d’une augmentation de la taille des centrales. Des progrès sont aussi accomplis en termes d’émission de carbone, pour compenser. Ainsi, la centrale japonaise Isogo Power Station Unit 2, d’une capacité de 600 mégawatts, est équipée de dispositifs pour limiter les émissions de gaz dangereux (tout en minimisant en outre les rejets d’eaux usées) ; ces procédés permettent de réduire de 25 % les émissions de carbone par rapport à une centrale à efficacité moyenne.

Toujours dans l’optique d’une responsabilité environnementale, la capture et le stockage du carbone progressent et sont encouragés par les cycles à gazéification intégrés, une technologie qui avait jusqu’alors souffert de prix rédhibitoires, mais qui se développe avec les impératifs de la lutte contre le changement climatique.

Les mesures politiques en faveur de l’environnement constituent en effet le seul ralentisseur significatif à l’utilisation accrue du charbon dans la génération d’énergie. La Chine, sous les projecteurs étant donné son rang de premier consommateur de charbon, a ratifié le « Air Pollution Action Plan », qui vise à réduire la part du charbon dans le mix énergétique national de 79 % en 2011 à 65 % en 2017. La province de Beijing prévoit ainsi de retrancher 73 Mt à sa consommation annuelle de charbon, soit 10 % de son niveau de 2012. Les États-Unis suivent de près la Chine en termes de consommation, et les deux pays se sont engagés à développer leur coopération bilatérale pour diminuer l’impact environnemental. Les États-Unis ont par ailleurs endossé l’objectif des 500 grammes de CO2 maximum par KWh pour toutes leurs nouvelles centrales, un niveau qui ne peut être atteint sans recours aux technologies de capture et de stockage de carbone.

Jean-Marc Guillier: Diplômé de Sciences Po Paris, Jean-Marc Guillier s’y spécialise déjà dans le domaine des marchés de l’énergie. En 2013, alors que Total SA finalise la phase d’exploitation en Ouganda, Jean-Marc passe un an dans ce pays durant lequel il participe avec de jeunes ougandais à la création d’un fonds d’investissement et commence ses contributions au site filière 3e. Il travaille désormais dans une structure similaire en Russie où il est amené à collaborer avec des géants du pétrole et du gaz, mais aussi des entreprises spécialisées dans l’énergie hydraulique, nucléaire ou les énergies renouvelables (Rosatom, Rushydro, E.on, EDF Fenice).
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