Pour sa 16e édition, le Syndicat des Énergies Renouvelables (SER) a choisi le Grand Auditorium de l’UNESCO pour convier les acteurs de la filière, venus du monde entier, partager leurs expériences sur ce secteur encore en développement. Au programme, près de dix heures de tables rondes et d’allocutions, pour balayer l’ensemble des problématiques relatives à l’implantation et à l’exploitation des EnR, qu’elles produisent de l’électricité, du gaz ou des carburants. Une réunion ouverte par le Premier ministre et soutenue par la ministre de l’Écologie, pourtant en plein débat au Sénat sur son projet de loi sur la transition énergétique pour une croissance verte.
Les EnR, formidable gisement d’emplois
Parmi les axes de cette réunion, la possibilité offerte à l’économie par les EnR, qui pourraient à terme, selon les prévisions du SER, générer près de 200 000 emplois à l’horizon 2030 en France. Un axe soutenu par la plupart des intervenants présents, du président de l’Irena (International Renewable Energy Agency), à l’immortel Éric Orsenna. Parmi les intervenants étaient présents : le président du Giec (Groupement intergouvernemental sur l’étude du climat), le pilote du célèbre Solar Impulse ou encore la présidente de l’AIE, venue montrer une façade renouvelable quand son organisation promeut habituellement une énergie aux effets bien plus contestables.
Un premier frémissement en 2014
Premier constat de cette réunion : 2014 a été la première véritable année de production d’énergie renouvelable. L’an dernier et pour la première fois en France, la production d’électricité renouvelable a d’ailleurs dépassé celle de l’énergie thermique. Ces résultats sont pourtant à relativiser : 2014 a été une bonne année pour les EnR, mais seulement en comparaison aux années précédentes… désastreuses. Sur l’éolien et le photovoltaïque, on constate certes une augmentation des puissances installées, restant encore bien loin des objectifs prévus pour 2020. L’espoir vient davantage des réseaux de chaleur (géothermie, biomasse), dont la capacité devrait doubler dans l’année à venir.
« Les EnR ont eu très longtemps la réputation d’être chères. Aujourd’hui, elles ont atteint un niveau de maturité économique très satisfaisant. On peut produire de l’éolien sur terre ou du photovoltaïque au sol dans la partie sud de la France, à des coûts qui sont inférieurs à ceux que l’on va obtenir bientôt avec l’EPR. Quand on repense au remplacement à venir du parc de production actuel, il faut convenir que les EnR constitueront une solution possible pour une partie du parc. C’est un grand changement par rapport aux dernières années », explique Jean-Louis Bal, président du SER.
Des freins réglementaires encore trop présents
Malgré les formidables potentiels offerts par les EnR, leur mise en place reste gênée par une mauvaise réputation et des freins institutionnels conséquents. Cette situation devrait changer dans l’année à venir grâce, entre autres, au projet de loi sur la transition énergétique pour la croissance verte, en cours d’examen par le Sénat. Pourtant, un amendement a été déposé par la chambre, visant pour l’éolien à contraindre une implantation à une distance minimale de 1 000 mètres d’une habitation. Une mesure qui, selon Jean-Louis Bal, mettrait en terre « entre 80 et 90 % des nouveaux projets éoliens », impliquant un quasi-arrêt de la filière.
Si la question de l’implantation en France reste assez délicate, une échappatoire existe pour les acteurs français de la filière : l’exportation. Les entreprises françaises sont parmi les plus avancées sur les technologies relatives aux énergies renouvelables et pourraient davantage proposer leurs solutions dans le monde. Une problématique entre les mains du SER qu’il conviendra de traiter rapidement, afin d’assurer la rentabilité et la pérennité des solutions développées.