Selon l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), 435 réacteurs nucléaires sont opérationnels dans le monde, 2 sont en état de fermeture de longue durée et 72 réacteurs sont en cours de construction. Globalement, ces chiffres semblent contredire la tendance à la réduction du nucléaire dans le mix énergétique mondial. Cependant, le rapport de l’AIEA(?) met en avant la chute de 7 % de la génération nucléaire d’électricité entre 2011 et 2012. En outre, le lancement de la construction de dix nouveaux réacteurs en 2013 élèvera à terme les capacités électriques de 11 GW seulement, alors que l’Agence prône une augmentation annuelle de 23 GW entre 2020 et 2030, afin d’atteindre l’objectif 2Ds.
La catastrophe de Fukushima Daiichi a laissé son empreinte (voir « Les facteurs qui bouleversent les prévisions énergétiques »). La sortie du nucléaire de l’Allemagne et de la Belgique a été accélérée. La loi sur la transition énergétique présentée par le gouvernement français le 18 juin dernier prévoit la réduction de la part du nucléaire de 75 % à 50 % dans le mix énergétique. Même la Corée du Sud a révisé son programme nucléaire : prévoyant initialement 40 % de nucléaire à l’horizon 2035, le chiffre a été depuis descendu à 29 %.
Or le nucléaire fait partie des technologies qui demandent un fort investissement en capital ; certains pays mettent par conséquent en place des politiques favorables à l’énergie nucléaire. Le Royaume-Uni, par exemple, a proposé de garantir les prix de l’énergie nucléaire à £ 92,5 par mégawatt/heure jusqu’à 2015 pour deux de ses centrales (la Commission européenne doit cependant encore approuver cette mesure). Le Japon a finalement confirmé la réintroduction de nucléaire dans son mix énergétique, sans encore en préciser l’ampleur. La Russie, enfin, séduit avec le modèle « construire, posséder, exploiter », qui justifie les lourds investissements nécessaires par la sécurité de l’approvisionnement national ; la Fédération russe propose en outre des financements aux pays souhaitant imiter son exemple.
La filière privée suit de près les développements technologiques. Les réacteurs de deuxième génération, modèles qui ont montré leurs faiblesses au Japon le 11 mars 2011, ont subi une vague générale d’inspection de sécurité. Le Japon a fermé ses cinquante réacteurs, l’Allemagne huit des siens, et les États-Unis quatre. La plupart des autres pays ont cependant opté pour des mesures moins radicales, augmentant plutôt le niveau de sécurité avec l’installation de nombreux équipements visant à limiter les accidents et leurs conséquences (notamment des systèmes d’alimentation et de refroidissement supplémentaires).
La Suède, la Finlande et la France avancent dans leurs nouveaux projets de stockage des déchets radioactifs, et les États-Unis ont repris l’examen du site de Yucca Mountain comme potentiel dépositoire pour les reliquats de la fission de l’uranium. La Commission européenne exige pour sa part, avant 2015, un rapport de chacun des pays membres sur leurs mesures de gestion des déchets radioactifs.
Si seules la Russie et l’Argentine ont initié un projet de construction cette année, de petits réacteurs modulaires sont aussi en attente de licences, notamment aux États-Unis. Par ailleurs, quelques prototypes de réacteurs quatrième génération sont à l’étude et même en construction. En attendant, ce sont encore les réacteurs 3G qui sont les plus prometteurs, et trente d’entre eux sont actuellement en construction. La Chine a déclaré ne vouloir construire que des centrales de ce type, pour une durée des travaux de 60 mois par réacteur. La France, pays leader en matière de technologie nucléaire, avait déjà commencé à vendre de tels réacteurs aux Chinois dès 2008. C’est cette avance technologique qui a permis à Manuel Valls de rappeler, lors de son déplacement à l’usine d’Areva du Creusot, le vendredi 20 juin dernier, que le nucléaire est « une filière d’avenir pour notre pays, [qui] incarne une part de notre génie industriel ».