Près de Nantes, plus d’une douzaine de PME regroupées au sein d’une zone d’activités mènent une initiative collective baptisée EcoZA, qui leur permet d’optimiser la consommation énergétique de leur bâtiment. Une initiative qui pourrait en inspirer bien d’autres.
À l’origine du projet EcoZA, il y a ECE, une association d’entreprises de l’agglomération nantaise, la Chapelle-sur-Erdre. Cette association, créée en 2009, regroupe près de 70 PME formant un bassin d’emplois essentiellement tertiaire en fort développement. Elle se veut d’emblée pionnière dans les projets collectifs axés sur le développement durable. ECE commença ainsi par inciter chacun de ses membres à réaliser des bilans carbone et thermique, ainsi que des formations collectives à l’éco-conduite. Elle mit également en place un plan de déplacements inter-établissements. Ainsi naquit l’initiative EcoZA.
Au printemps 2012 démarre le projet expérimental. Il repose sur la mesure en continu des consommations d’énergie des bâtiments (chauffage, électricité, éclairage…), dans le but de déceler et d’exploiter des gisements d’économies d’énergie. « Les bilans énergétiques que nous avions réalisés jusqu’ici ne représentaient qu’une photographie à un instant T, indique Hervé Courtel, pilote de la commission Énergie au sein de l’association ECE. Ils n’étaient pas suffisants pour dénicher des sources d’économies d’énergie dans la durée, suivant la saison, les périodes de la semaine, de la journée… Heureusement, nous avions la chance d’avoir parmi nos membres une société éditrice de logiciels, QOS Energy, capable de développer un outil de mesure en ligne de la consommation énergétique permettant de pousser plus loin notre diagnostic énergétique. L’idée est donc venue de porter un projet collectif plus ambitieux, EcoZA, avec l’aide de l’Ademe et la Région Pays de Loire, qui s’appuierait sur un tel outil, mais aussi sur les conseils de Geolia, un cabinet expert dans l’efficacité énergétique. »
Pour Franck Le Breton, PDG de QOS Energy : « La maîtrise énergétique représente un enjeu économique grandissant, y compris pour les PME, à cause du renchérissement du coût de l’électricité et surtout du fait des possibilités nouvelles d’optimisation de la consommation, qui en font un facteur de performance économique important désormais. En outre, comme dans beaucoup de zones industrielles, à la Chapelle-sur-Erdre, une bonne partie des bâtiments ont une trentaine d’années d’existence et ont rarement été bien pensés au niveau de l’efficacité énergétique. Si nous ne pouvons agir sur les bâtiments eux-mêmes, au travers de l’initiative EcoZA, nous avons constaté qu’une entreprise de services de taille moyenne pouvait réaliser de 5 à 10 % d’économie énergétique sans faire aucuns travaux, simplement en mettant en œuvre de nouveaux modes de consommation du chauffage ou de l’éclairage. Ainsi, même si ces économies sur la facture énergétique d’une PME ne sont pas énormes, cela représente une économie significative à l’échelle de l’ensemble d’une zone industrielle. »
L’enjeu d’EcoZA est aussi d’élaborer un montage partenarial et financier privé-public autour de la mise en place d’audits énergétiques dans la durée (installation des outils de mesure et analyses régulières du cabinet expert) ne coûtant à une PME pas plus cher que sa consommation annuelle et qui puisse dès lors être répliquée ailleurs. Ainsi, sur un budget global de 3 000 € par entreprise pour le suivi sur une année, entre 1 200 et 1 700 € étaient pris en charge par l’Ademe et la Région Pays de Loire. Ainsi, les treize PME participantes avaient-elles l’assurance d’amortir en un ou deux ans leur investissement dans l’audit grâce aux économies réalisées.
Un bilan mitigé d’EcoZA
Pour autant, malgré cette aide significative des pouvoirs publics, après un an d’observation de l’efficacité énergétique des bâtiments dans la zone industrielle, le bilan d’EcoZA est plutôt mitigé. Quelques entreprises importantes de la zone n’ont pas participé suffisamment activement à cette opération. « Pourtant, comme l’explique Hervé Courtel, directeur administratif et financier de la société VIF, les entreprises actives dans EcoZA, y compris la mienne, qui disposaient d’un bâtiment récent en ont retiré des bénéfices réels. Au sein du bâtiment de ma société, VIF, dont la surface est de 2 500 m2 et est occupé par 170 personnes, nous avions par exemple pris l’habitude d’utiliser un plancher chauffant en tant que chauffage principal et des climatisations réversibles avec pompe à chaleur en appoint. À l’issue d’un an de mesures, nous avons constaté que nous surconsommions de cette manière l’énergie, car nos climatisations réversibles avaient dans la plupart des cas une performance énergétique très supérieure au plancher chauffant, sauf quand la température extérieure descend en dessous de 5 °C, ce qui reste assez rare dans notre région. Nous avons donc adapté notre mode de consommation et réalisons des économies. De même, la mise en chauffe journalière du bâtiment a été ajustée de manière plus précise pour correspondre exactement à nos besoins et aux habitudes du personnel. »
Franck Le Breton ajoute à son tour : « Cette initiative a mis en évidence chez certaines entreprises l’inadéquation entre leur système de chauffage et le bâtiment, mais aussi des pratiques énergivores au quotidien comme le fait de chauffer en continu des zones inoccupées d’un bâtiment telles que des salles de réunion. Sur la base de l’audit énergétique EcoZA, se sont révélés également les moyens d’optimiser les scénarios de chauffe suivant les spécificités d’un bâtiment et son mode d’occupation. »
Fort de ces premiers résultats à l’impact, certes limité, mais très concret et positif sur la vie des entreprises, les initiateurs d’EcoZa ont décidé de continuer à mener une veille régulière sur leur consommation énergétique et à élargir le cercle des entreprises participantes au projet. Vu qu’EcoZa concerne la consommation des bâtiments et non pas les process industriels qui peuvent varier beaucoup d’une entreprise à l’autre, tout porte à croire qu’une telle action soit reproductible sur de nombreuses autres zones d’activités.
Marc Bourhis
Les partenaires du projet EcoZa
L’association ECE (Entreprises de la Chapelle sur Erdre), porteuse du projet EcoZA, a pu se reposer sur plusieurs partenaires techniques et financiers. L’Ademe et la Région Pays de Loire ont financé 50 % des diagnostics réalisés par les experts du cabinet d’audit Elogia, spécialisé dans la performance énergétique, tandis que l’éditeur de logiciels QOS Energy a mis à disposition Quantum, sa solution en ligne de mesure et de suivi dynamique en temps réel de la consommation énergétique d’un bâtiment. Les données étaient récoltées sur la base de trois sondes minimum installées sur les compteurs électriques et à un certain nombre de points névralgiques du bâtiment. L’Ademe, au travers de l’association Alisée, a également réalisé des opérations de sensibilisation aux gestes écodurables auprès des personnels des entreprises participantes.