Imaginons une séance diapos, les clichés défilent : des immeubles conçus par des architectes prestigieux : terminaux d’aéroports, tours vertigineuses, sièges d’entreprises ou d’organisations internationales… Sous toutes les latitudes : Shanghai, Abu Dhabi, Perth, Bruxelles, Tokyo, Californie, Fidji, Lyon…
Des réalisations qui ont toutes en commun de bénéficier de la technologie Distech Controls. Mise sur orbite en 1995 à Montréal par Étienne Veilleux, toujours à sa tête, moins de 20 années lui auront été nécessaires pour devenir une experte mondialement reconnue des solutions d’automatisation et de gestion de l’énergie du bâtiment. Des chiffres témoignent du tour de force : 15 millions de m2 équipés dans 60 pays et un chiffre d’affaires multiplié par 40 en 10 ans. Réussite qui ne dispense pas de « continuer à croître », commente, la tête froide, Martin Villeneuve, vice-président Europe Afrique. Pas question de lanterner, « nous sommes leaders des joueurs de seconde division », estime-t-il, « d’ici à vingt ans nous devrons être au premier rang ». Des paroles directes, énoncées posément, d’un patron pour qui le futur c’est déjà le présent. Lui qui a rejoint la compagnie montréalaise en 1999, comme « employé n° 2 ! », fort de son diplôme en mécanique du bâtiment et de deux années d’expérience chez un intégrateur, il prit une part active à la mise sur pied de nombreux départements. La décennie qui va suivre, servira à conforter les positions, rechercher des partenaires, des investisseurs stratégiques, lancer la R & D et la fabrication. Le millésime 2010 marque un tournant, Distech Controls, à la faveur du rachat de deux sociétés françaises, Comtec et Acelia, pose ses valises sur le vieux continent. Lyon devient le siège pour l’Europe et l’Afrique, un centre majeur de R & D et une unité de production. Une entreprise et deux cœurs qui battent en cadence de part et d’autre de l’Atlantique. L’usage d’une langue commune fluidifie les liens, les échanges de salariés d’un pays à l’autre sont monnaie courante. Le siège européen, maillon fort du dispositif, challengé par Martin Villeneuve, pèse pour un tiers des millions de m2 installés dans le monde, 33 % du CA global de la compagnie et fabrique 250 000 produits à l’année.
Joli pied-de-nez aux clichés, la canadienne démontre qu’il est possible de concevoir, fabriquer, vendre depuis la France et créer de la valeur. Sacrée nouvelle ! Pas de tour de passe-passe, l’entreprise a anticipé les évolutions de son marché. Dans la construction, l’impact environnemental est devenu un vrai sujet et la tendance s’accélère avec les problématiques environnementales. En France, d’après le cabinet PWC, « le secteur de l’immobilier est, parmi les secteurs économiques, le plus gros consommateur en énergie car il est responsable de 28 % des émissions de CO2 et de 43 % des consommations énergétiques ». Malgré la crise, les préoccupations sur l’énergie et le CO2 doivent rester au premier plan et requièrent des réponses concrètes. Distech Controls réinvestit tous les ans l’équivalent de 15 % de son chiffre d’affaires dans la recherche. Pour « concevoir des produits innovants au bon prix, qui puissent donner de la valeur aux bâtiments, diminuer leur empreinte carbone, apporter du confort aux usagers et réduire leurs coûts d’exploitation », résume en substance Martin Villeneuve. Une gamme de près de 2 000 références, « qui s’enrichit tous les ans de 10 à 20 nouveaux produits », articulée en plusieurs familles : le contrôle CVC (chauffage, ventilation, climatisation), de l’éclairage et des stores, des solutions de contrôle d’accès et de vidéosurveillance, de la supervision et gestion des énergies et des produits périphériques (capteurs-actionneurs). Distech Controls a élaboré la gestion commune de l’éclairage et de la climatisation, qui synchronise la mise en marche et l’arrêt de ces deux paramètres. Baptisée Smart Room Control, cette solution tout en un permet jusqu’à 30 % d’économie d’énergie sur le poste CVC et jusqu’à 60 % sur le poste éclairage, d’après une étude de l’Université de sciences appliquée de Hanovre.
C’est une technologie « distribuée », une intelligence centralisée avec des contrôleurs reliés en réseau, capables d’échanger des données avec des équipements tiers et de les partager avec un smartphone, une tablette ou un PC. Un accès Internet rend possible la programmation, la configuration, le suivi de l’installation à distance, ce qui réduit les coûts opérationnels associés. Dans ce sens, Distech Controls a mis au point « Smart-Sense Room Control » et « myDC Control », deux applications qui permettent au salarié de contrôler lui-même ses paramètres de confort et à la maintenance de mettre en service, tester les systèmes CVC et de réduire le temps de réponse à la résolution des problèmes. Par ailleurs, tous les produits Distech Controls sont basés sur des protocoles ouverts et permettent une interopérabilité entre produits concurrents. « C’est une source de réduction des coûts pour l’exploitant qui n’est plus prisonnier d’un unique fournisseur et donc d’une seule politique tarifaire », explique Martin Villeneuve.
Toutes ces innovations sont à mettre au crédit du capital humain. Un salarié sur trois travaille au développement de produits et à la satisfaction client, mais, dans les faits, tous les collaborateurs sont mis à contribution. Des concours d’innovation sollicitent chaque salarié à plancher sur les produits, le fonctionnement de l’entreprise, les procédés de fabrication… bref, tout ce qui fait avancer dans la bonne direction. « Aucune idée n’est rejetée a priori », assure Martin Villeneuve qui invite tous ses salariés dès qu’ils ont une décision à prendre pour eux mêmes ou pour les clients à le faire en fonction des valeurs de l’entreprise, « fierté, intégrité et persévérance ».
L’histoire ne fait que commencer pour Distech Controls, des marchés restent à conquérir, « l’Allemagne est trois fois supérieure au marché français ». La R & D, qui fait feu de tout bois, a présenté en octobre dernier à Montréal, en avant-première mondiale, le premier automatisme de bâtiment basé sur le système d’exploitation mobile Android. Ce sont les 180 collaborateurs, dont 65 en France, qui ont permis à la compagnie de se tailler une réputation sur mesure, au point de faire dire aux dirigeants de joueurs de premier plan, « Distech Controls sera le concurrent de demain ». Chapeau bas !
Olivier Durand