La mention RGE est obligatoire pour obtenir les principales aides fiscales pour la rénovation énergétique. La filière électrique est-elle au rendez-vous ? Le parcours pour obtenir la mention est-il prêt et adapté ?
Les formations les plus adaptées parmi les formations FEEBat
Pour obtenir la mention RGE, trois chemins sont possibles au travers des qualifications Qualit’EnR, Qualibat et Qualifelec.
Pour Qualibat et Qualifelec, le parcours de formation s’appuie sur des modules standard FEEBat.
Deux parcours nous semblent les plus adaptés : les modules M1-M2, 5.1-5.2 ou bien encore un mix des deux parcours (sur 3 ou 4 jours), ajoute Jean-François Ploteau
Les modules 5.1 et 5.2 avec pratique sont intéressants pour sensibiliser aux impacts des métiers de chacun sur la performance globale. « Avec l’exemple d’une construction bois, si l’étanchéité est percée par un corps du second œuvre, la performance sera très vite dégradée. La formation M1-M2 ou même la toute nouvelle formation FEEBat Rénove sont également de bons parcours avec une approche incluant l’usage d’outils de simulation thermique. »
Les professionnels sensibilisés, mais…
L’avis de Christian Olsen, responsable de Luz Elec : « Nous ne travaillons pas beaucoup sur la partie fluides, l’essentiel de nos activités est en rénovation et est liée à la modernisation du chauffage électrique, aux dispositifs de régulation, à la mise aux normes et à la réfection des circuits électriques, et enfin aux courants faibles (VDI). De fait, l’utilité de la mention RGE n’a pas encore été complètement perçue au niveau de notre société, d’autant plus que le RGE ne touche que le logement particulier, et nous adressons aussi le petit tertiaire industriel et les collectivités locales. »
Et si la mention RGE était généralisée à la rénovation énergétique de tout type de bâtiment ?
Le point de vue d’un des syndicats de la profession : Anne Valachs, directeur général du Serce, Syndicat des entreprises de génie électrique et climatique.
« Pourquoi ne traiter que le logement ? La mention RGE devrait être élargie aux marchés et aux acteurs de la rénovation tertiaire et du logement social », énonce Anne Valachs.
La mention RGE intéresse nos adhérents uniquement pour l’instant « par ricochet », avec les travaux et la maintenance des marchés d’efficacité énergétique des logements sociaux. Par exemple, pour les contrats de performance énergétique (CPE), seules des entreprises compétentes peuvent s’engager en termes d’atteinte de résultats sur des objectifs d’économie d’énergie dans la durée. Former les équipes, assurer leur montée en compétences, est donc essentiel pour améliorer la performance énergétique lors des travaux de rénovation. C’est ce que valorise la mention RGE, mais sur un périmètre restreint.
Le Serce délivre des qualifications professionnelles à ses adhérents, dont une dans le domaine de l’efficacité énergétique. Actuellement, les entreprises peuvent intervenir notamment dans le petit tertiaire, par exemple dans le cadre de l’amélioration de la performance énergétique des équipements d’une école ou d’un petit hôtel. Toutefois, elles ne peuvent se prévaloir de la mention RGE à la différence de l’artisan qui intervient auprès des particuliers. En termes d’image et de communication, il y a donc un décalage malgré un savoir-faire en efficacité énergétique avéré.
« Élargir la mention RGE au tertiaire, mais aussi promulguer le décret relatif à la rénovation énergétique du parc tertiaire tant attendu par tous depuis trois ans… »
Cela ferait grand sens car le marché tertiaire est un marché solvable avec des gains potentiels en termes d’efficacité énergétique très importants. Cela inciterait les grands propriétaires tertiaires à aller vers la rénovation tertiaire. La rénovation énergétique des logements sociaux pourrait jouer, par leur exemplarité au vu des résultats obtenus, un rôle incitatif auprès des particuliers et des copropriétés.
« Nous souhaiterions donc une approche plus complète. La précarité énergétique et le logement individuel sont des aspects importants, mais ce ne sont pas les seuls si nous voulons réussir la transition énergétique. »
Qui dit transition énergétique dit également faire entrer le bâtiment dans sa globalité : le focus sur l’isolation nous semble trop restrictif, et agir sur les équipements nous semble indispensable pour atteindre les objectifs d’efficacité énergétique. L’opposition actif/passif doit vraiment disparaître, nous défendons une vision globale des projets de rénovation énergétique intégrant l’isolation et la gestion de l’énergie et, au risque de nous répéter, étendue à tous les types de bâtiment, conclut Anne Valachs.
Le RGE aussi pour les certificats d’économie d’énergie (CEE)
L’unanimité est faite sur l’importance de la mention RGE, et ce quel que soit le type d’activité des métiers de l’électricité.
Et RGE devient d’ailleurs un sésame de plus en plus incontournable puisque la nouvelle formule 2015 des certificats d’économie d’énergie devrait inclure la nécessité de la mention RGE pour obtenir les CEE.
Gageons donc que la filière électrique se mobilisera encore plus fortement autour de cette mention dans les mois qui viennent.