Il y a 222 ans, les musées ouvraient leurs portes au public, et livraient par là même leurs œuvres à tous les risques, en particulier celui de la détérioration. S’est alors posée la question de leur protection, contre le froid, la chaleur, et bien entendu la lumière, pourtant indispensable à leur découverte. Qu’elle soit naturelle ou artificielle, la lumière peut aujourd’hui être contrôlée, donc maîtrisée ; tout d’abord via des dispositifs qui laisseront pénétrer les rayons du soleil mais en les détournant, des sources sans ultraviolet ni infrarouge, des luminaires équipés de cadreurs et enfin grâce à une gestion de plus en plus sophistiquée de l’éclairage naturel. Alors, lighting or not lighting ? Ce n’est peut-être pas là, la question…
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Éclairer ou préserver : un choix pas si cornélien
L’importance des dommages provoqués par l’éclairage peut être réduite en diminuant la durée de ce dernier. C’est pour- quoi il faut raisonner en termes « d’ex- position lumineuse » et considérer à la fois le temps d’exposition et les niveaux d’éclairement. Il existe plusieurs procédés pour réduire la durée d’exposition, installation d’un rideau amovible, de stores et persiennes automatiques, et désormais la mise en œuvre de systèmes d’éclairage dynamique avec programmation disponibles aujourd’hui grâce aux LED et l’électro- nique qui offrent de multiples possibilités pour la création de séquences lumineuses modifiables facilement en fonction des collections exposées. À Londres, la National Gallery a testé récemment la technologie LED avec des appareils Erco dotés de détecteurs de présence. Dans la salle des portraits, le niveau d’éclairement était abaissé en mode «veille» et remontait progressivement dès qu’une personne s’arrêtait devant le tableau. Résultat : qualité de lumière sans compromis ainsi qu’une réduction de 68 % des coûts d’énergie. Le Rijksmuseum, à Amsterdam, a également profité d’une rénovation pour passer aux LED : au total, sur plus de 9 500 m², sont ainsi éclairés 7 500 œuvres d’art, les espaces publics du musée tels que les boutiques, les atriums, le restaurant ainsi que les extérieurs et la façade du bâtiment. Le concept d’éclairage, réalisé par Philips Lighting, crée des effets visuels proches de la lumière du jour, mettant ainsi en valeur les chefs-d’œuvre tout en tenant compte de la perception du visiteur. Pour Tim Zeedijk, commissaire des expositions au Rijksmuseum, « le choix de la LED se justifie primo, pour sa grande qualité de lumière, et secundo pour son rendu des couleurs, très proche de la lumière du jour. L’éclairage sou- ligne tout particulièrement les contrastes visuels et les reliefs des tableaux. C’est notamment visible dans les œuvres de Rembrandt où il révèle beaucoup plus les détails ».
La lumière blanc neutre restitue toutes les couleurs et toutes leurs nuances, qu’il s’agisse des verts/bleus ou de rouges/jaunes, présentant les œuvres d’art en « haute définition ». La simplicité d’utilisation a aussi été un atout pour les conservateurs qui bénéficie d’un système permettant de faire varier chaque luminaire en utilisant une simple tablette.
La LED a pris également ses quartiers au Louvre où Toshiba a fourni un éclairage LED dans les salles rouges et autour de la Joconde. Un luminaire unique et très innovant a été installé devant le chef-d’œuvre de Leonard de Vinci et intégré dans un support jouxtant la célèbre toile. Avec ses 31 LED, elle permet de compenser la variation de cou- leur due au vitrage de protection et à l’éclairage ambiant. La lampe déploie également plusieurs systèmes optiques afin d’encadrer le chef-d’œuvre et de le maintenir dans un bain de lumière aussi uniforme que possible. Un système de contrôle, qui permet au musée du Louvre d’affiner aussi précisément que possible le spectre de la lampe, a été conçu avec le souci d’une fidélité absolue aux couleurs.