Dans les allées de la Cité du Soleil, l’effervescence est palpable. C’est la première fois que la France accueille la compétition. Si la plupart des élèves ingénieurs ont terminé la construction de leur projet, c’est encore le moment pour certains de peaufiner les réglages de dernière minute. Le village éphémère prend forme. Les équipes venues du monde entier nous livrent leur version de l’habitat durable, qui diffère grandement selon les besoins du lieu où elles seront implantées. De la « Casa Fenix », censée se construire en un temps record sur des zones frappées par des tremblements de terre, au projet « Philéas », capable de s’imbriquer sur une tour et améliorer ses performances énergétiques, chaque équipe explore à sa manière le cahier des charges de l’habitat de demain.
Construire le logement écoresponsable de demain
Cette année, 20 projets s’affrontent, avec un seul mot d’ordre : construire l’habitat durable de demain. Les solutions utilisées pour parvenir à cet objectif sont diverses. Quand certains construisent la maison écoresponsable de demain, d’autres rénovent la maison d’aujourd’hui. C’est le cas du projet néerlandais « Home with a skin », une structure symbiotique prévue pour s’intégrer à la maison en brique hollandaise traditionnelle des années 50 et améliorer de manière fulgurante son efficacité énergétique. Un projet qui pourrait permettre une réhabilitation rapide du parc hollandais : le pays compte plus de 1,7 million de ces maisons en briques, véritables passoires énergétiques.
À l’issue de la compétition, le jury composé d’experts et d’architectes du monde entier a choisi le meilleur projet pour chaque catégorie : ingénierie et construction, architecture, développement durable, efficacité énergétique, communication et sensibilisation sociale et, enfin, urbanisme, transport et accessibilité économique. Le vainqueur de la compétition a été annoncé le 12 juillet et il s’agit du projet italien « Rhome for density », qui vise à résoudre le problème des habitations sauvages dans le quartier antique de Rome. Si le vainqueur de la compétition est un projet de construction, ses deux partenaires sur le podium concernent quant à eux des projets de rénovations.
Les logements existants à l’honneur
Parmi les projets présentés cette année, nombreux sont ceux concernant des rénovations pures et simples d’habitations existantes, ou l’ajout de modules dits « symbiotiques », censés s’imbriquer à un bâtiment existant pour améliorer ses performances.
Le projet de rénovation le plus représentatif a été développé par l’équipe nantaise Atlantic Challenge, avec son prototype Philéas. Il consiste en la rénovation du dernier étage d’une tour nantaise, le CAP 44, et traduit une vraie démarche : « ce projet retranscrit notre volonté de réinvestir l’existant », explique l’un des membres de l’équipe.
Le module de l’équipe Atlantic Challenge est conçu pour trouver sa place sur le toit de l’immeuble, mais nécessite tout de même quelques aménagements sur la structure de la tour.
Autre projet de rénovation, qui s’appuie sur un module symbiotique : Symbcity est une structure qui s’intègre aux toits de bâtiments existants et permet ce que l’équipe espagnole appelle « une recolonisation des toitures ». Ce prototype permet de créer un logement supplémentaire sans utiliser le moindre espace au sol. L’habitation est également pourvue de panneaux solaires, mais ils ne permettent pas de fournir l’ensemble du bâtiment en énergie. Une interprétation locale du bâtiment durable.
C’est la première fois que la compétition du Solar Decathlon accueille tant de projets de rénovations ou de symbioses. Et pour cause, la rénovation est le cap qu’il faudra suivre pour mener à bien la transition énergétique, ce qui est très aisément compréhensible. Sur les 20 projets en compétition, près de la moitié concernent des structures adaptables au parc immobilier existant, offrant de formidables solutions aux ingénieurs et architectes qui s’attelleront aux rénovations de manière concrète.
La rénovation, fer de lance de la transition énergétique
Chaque année, seulement 1 à 2 % du parc est renouvelé en France et 90 % des logements de 2020 sont donc déjà construits. C’est pourquoi il est primordial de concentrer les efforts sur les rénovations énergétiques des bâtiments existants. L’objectif est de rénover 7,2 millions de logements en France d’ici à 2020, pour réduire leurs niveaux de consommations énergétiques et leur impact environnemental. Et à en juger par l’attraction provoquée par la Cité du Soleil de Versailles cette année, les solutions pour mener à bien la transition énergétique semblent attirer l’attention du grand public.
Les jurés l’ont bien compris, la transition énergétique passera par la rénovation du parc de bâtiments existants, et non pas seulement par la construction de logements BePos et d’éco-quartiers. Si le vainqueur de la compétition est un projet de construction, les deux suivants sur le podium concernent des rénovations ou des symbioses avec des bâtiments existants. Certaines solutions présentées au Solar Decathlon 2014 permettent déjà de se projeter dans un futur proche. La prochaine édition aura lieu l’an prochain à Orange County, en Californie.