Ségolène Royal a renoncé à obliger toute nouvelle construction sous maîtrise d’ouvrage publique à être à énergie positive. Une déception, car les exemples récents comme l’Allianz Riviera, le stade à énergie positive de l’OGC Nice construit en partenariat avec EDF et la mairie de Nice, montrent que les coûts augmentent très peu.
Ségolène Royal aurait-elle changé d’avis en quatre jours? Le 14 Juin, la ministre de l’écologie a transmis un document de travail, censé être la version quasi finale du projet de loi sur la transition énergétique. Associations professionnelles et ONG se sont réjouies de voir que l’ancienne candidate à la présidentielle souhaitait obliger toute nouvelle construction sous maîtrise d’ouvrage publique à être à énergie positive. Quatre jours plus tard, dans le texte final de l’avant-projet de loi, l’obligation saute: «Toutes les nouvelles constructions sous maîtrise d’ouvrage publique font preuve d’exemplarité énergétique et seront, chaque fois que possible, à énergie positive. »
La nuance est importante car le choix de la construction d’un bâtiment à énergie positive est donc laissé à l’appréciation des pouvoirs publics et/ou du constructeur. Dès lors, rien ne lui interdit de prétendre que cette solution est coûteuse. Sans obligation légale, il est peu probable que le secteur du bâtiment devienne vertueux par lui-même. Il existe encore peu de bâtiments à énergie positive. Selon l’Ademe, on recensait 180 bâtiments de ce type sur le territoire français début 2013. La plupart sont des immeubles du secteur tertiaire ou des maisons individuelles.
Cette nouvelle est extrêmement dommage car plusieurs exemples récents montrent que les bâtiments d’envergure peuvent être à énergie positive avec un coût modéré. Ainsi, l’Allianz Riviera, la nouvelle enceinte de l’OGC Nice inaugurée en septembre dernier et dotée d’une capacité d’accueil de 35.000 places (pour accueillir notamment les matchs de l’Euro de football en 2016 est le premier stade à énergie positive. Il produit plus d’énergie qu’il n’en consomme, grâce notamment à des technologies innovantes et au soutien d’EDF EN (EDF Energies Nouvelles). L’Allianz Riviera a coûté 217 millions d’euros, assumé par le constructeur français Vinci, l’assureur allemand Allianz, et par les collectivités locales.
Pas moins de 4.000 panneaux solaires (7.000 m²) de fabrication européenne ont été intégrés à la membrane d’étanchéité du toit, grâce à la technologie innovante Alkor Solar de la filiale dédiée aux énergies renouvelables du groupe d’Henri Proglio. De plus, du bois a été utilisé pour la réalisation de la charpente pour éviter le rejet de 3.000 tonnes de CO2 dans l’atmosphère. Le stade produira 1.500 Mwh/an, soit l’équivalent de la consommation annuelle de 600 foyers.
Alors que plusieurs stades vont être construits en vue de l’Euro 2016, notamment à Bordeaux et à Lyon, il eut été positif d’imposer dans le cahier des charges que ces bâtiments soient à énergie positive. Probablement par peur de mécontenter certains, le gouvernement rate (encore) le coche.