Ennesys, c’est le nom de ce nouvel acteur du bâtiment durable en France. Grâce à un procédé de dépollution des eaux usées par biomasse, le système permet une production d’énergie conséquente, verte et totalement gratuite. La méthode séduit et commence progressivement à faire son apparition sur les toits d’immeubles et dans les éco-quartiers parisiens.
Valoriser les déchets
« Rien ne se perd, rien ne se créée, tout se transforme », Ennesys reprend la célèbre citation de Lavoisier à son compte pour son installation novatrice. Installé sur le toit d’un immeuble, le système mis au point par la jeune start-up récolte les eaux usées et les déchets organiques d’un bâtiment et s’en sert comme bouillon de culture pour du phytoplancton. Il se développe en absorbant les nutriments présents dans les déchets, du CO2 et de la lumière. A la fin du processus, le système génère de l’eau filtrée, réutilisable immédiatement pour les toilettes du bâtiment, mais aussi de la biomasse (algues), sous forme de granulats, de biogaz et de biohuiles. Ces composés sont utilisés pour produire une énergie verte, mais surtout gratuite.
Réguler la température
Ce dispositif, qui sera à terme installé sur les toits ou les façades des immeubles, offre un troisième avantage non-négligeable. Les photobioréacteurs qui accueillent la production de phytoplancton constituent un excellent isolant thermique. Le matériau utilisé pour leur conception a notamment été choisi pour ses qualités d’isolation et se conjugue aux propriétés de l’eau présente dans les tubes. L’excès de chaleur est capturé par le système et transformé en énergie. Au besoin, le fonctionnement de l’installation peut même être inversé pour évacuer l’excédent de chaleur. Les photobioréacteurs, en plus de leur fonction de filtration de l’eau et de production de biomasse, constituent donc un formidable régulateur thermique.
« Devenir le leader mondial »
Cette nouvelle utilisation des déchets a séduit le Président de la République, qui a visité la start-up en octobre dernier en compagnie d’Anna Lauvergon, ex-patronne d’Areva. Côté concurrence les acteurs commencent à fleurir, notamment en Allemagne et en Espagne. Mais selon le président d’Ennesys Pierre Tauzinat, l’entreprise française bénéficie d’environ « trois années » d’avance sur ses concurrents. Seul problème pour le moment, le développement du système à grande échelle. Il manque près de cinq millions d’euros à la start-up pour industrialiser la production de ses photobioréacteurs, très demandés en France et à l’international. L’objectif de ce nouvel acteur qui ne compte à ce jour qu’une dizaine de salariés, c’est de « devenir le leader mondial » dans ce secteur, comme l’explique Pierre Tauzinat. Mais pour cela, il faudra passer par une industrialisation des procédés de fabrication car, pour le moment, tout est fait à la main.