L’expression de la lumière

Diplômée de l’Université nationale des beaux-arts et musique de Tokyo, consultante diplômée en éclairage, IES Japon, maître des arts à l’Université de Tokyo, École supérieure de design industriel, Paris, Akari-Lisa Ishii considère toutes les facettes de la lumière. De la conception lumière au design, en passant par la muséographie et la scénographie, elle en sculpte les contours, les modèle, crée des ambiances aussi bien que des objets lumineux. Elle est aujourd’hui gérante d’I.C.O.N., son agence de conception lumière, et également membre actif de l’ACE.

Lumières3E- Designer de formation, vous vous êtes très tôt intéressée au métier de concepteur lumière. Comment avez-vous créé le lien entre les deux ?

Akari-Lisa Ishii – Lors de mes études à Tokyo, passionnée d’architecture, j’ai suivi un cours de philosophie de l’urbanisme. Après un court séjour aux États-Unis, je suis arrivée à Paris au moment des Grands Projets Mitterrand. J’ai intégré l’agence Light Cibles où j’ai découvert, avec Louis Clair, comment la ville peut se construire grâce à la lumière. Après un séjour de 3 ans au Japon où j’ai appris les bases du métier, je suis revenue chez Light Cibles comme chef de projets, et, pendant 5 ans, j’ai travaillé principalement sur des éclairages extérieurs. Après la création de I.C.O.N. en 2004, j’ai reçu l’Award of Merit, IES pour la mise en lumière du parc d’expositions Granvia, à Barcelone, puis le trophée Lumiville, dans la catégorie « Patrimoine bâti » pour le cloître « La Psalette » à Tours, ce qui m’a confortée dans le choix de faire de la conception lumière mon métier…

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©I.C.O.N

Lumières3E – Aujourd’hui, dans quels domaines intervenez-vous ?

Akari-Lisa Ishii – Tous ceux où la lumière a un rôle à jouer et où ma sensibilité me porte…, notamment, en scénographie pour le théâtre ou l’opéra, en muséographie, avec par exemple les expositions « 1917 » au Centre Pompidou de Metz et « Aux sources de la peinture aborigène » au musée Quai Branly, ou plus récemment le Musée national de la Renaissance, à Écouen. Mon approche de la lumière ne traduit pas seulement une évolution technique, mais surtout une ouverture sur la vie, la nuit. Je me souviens d’un projet d’un salon de thé à Kyoto qui comprenait l’éclairage extérieur du jardin et la création d’ambiances lumineuses à l’intérieur. Comme je ne trouvais pas le produit adéquat, j’ai dessiné un objet lumineux qui évoque un gâteau japonais. J’ai travaillé avec un artisan céramiste qui a réalisé le luminaire sur mesure. Nous avons ensuite décliné le produit en suspension, applique et borne. Lorsque le matériel n’est pas disponible sur le marché, il est parfois nécessaire de le créer.

Lumières3E – Encore récemment, vous avez créé Liconia pour Selux…

Akari-Lisa Ishii – L’histoire a débuté avec le projet d’éclairage du parc Valenton à Choisy-le-Roi. J’avais imaginé un mât inspiré de natures végétales qui reflète l’irrégularité naturelle, mais dont je n’ai pas trouvé l’équivalent dans les produits existants. Je me suis donc inspirée de la plante à fleur heliconia pour créer ce mât à plusieurs « branches » qui se métamorphose selon l’angle de vision. L’ordonnancement des projecteurs Olivio de Selux semble aléatoire, alors que tout est conçu selon une régularité qui ne se perçoit pas.

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