On le sent depuis de nombreux mois : l’environnement n’est plus vraiment une priorité en France. Le changement climatique, la qualité de l’air, la fin des énergies fossiles sont autant de thématiques qui ont déserté les antennes télé et radio, ainsi que les discours de nos politiques. Autant de retards pris. A ceux qui osent encore évoquer l’urgence écologique, on objecte désormais qu’il y a d’autres priorités, et que le chômage de masse, la compétitivité de nos entreprises ou le rétablissement de nos comptes publics passent avant la disparition de l’ours blanc.
Et c’est bien là que réside le grand intérêt de la proposition de projet de loi qu’Hervé Morin nous présente dans ce numéro de j3e : rappeler avec force que les impératifs économiques ne doivent pas être opposés aux enjeux environnementaux. Au contraire, la filière de l’éco-efficacité énergétique est le levier permettant non seulement de rendre compatibles ces deux exigences, mais peut-être la seule voie rendant possible l’une et l’autre de ces ambitions. Après tant de faux départs, souhaitons que de nombreuses bonnes volontés se penchent sur le berceau de cette initiative volontariste, y compris en l’amendant ; car lorsque l’on n’a pas su partir à temps, il peut être efficace d’essayer de courir pour rattraper son retard…
Mais n’ayons pas non plus la naïveté de croire que la seule urgence à laquelle nous sommes confrontés en la matière est celle du réchauffement climatique. Derrière notre filière, c’est un pan entier de la compétitivité du pays qui se joue, avec la question de l’accès de nos entreprises à une véritable maîtrise de leur facture énergétique via la maîrise de leur consommation. C’est la possibilité pour la France de participer en bonne position à l’ouverture d’un marché mondial au potentiel colossal – celui de l’efficacité énergétique – via certains de nos fleurons industriels. C’est, au fond, la question de l’ambition de la France dans la mondialisation qui nous est posée.
Rien de moins…