j3e – Le mot GTB n’a pas très bonne presse, comment expliquez-vous cela ?
Teddy Caroni – L’objectif d’une GTB est de permettre l’exploitation de bâtiments aux meilleurs coûts tout en garantissant le confort et la sécurité des occupants. Pendant trop longtemps, les solutions mises en oeuvre étaient complexes et fermées, empêchant ses utilisateurs de l’exploiter efficacement. Le marché s’est transformé avec notamment l’essor de Niagara ; les produits se sont ouverts pour garantir une meilleure évolutivité et communiquer avec tous les types d’équipements, mêmes ceux basés sur certaines technologies propriétaires. Niagara permet de créer des supervisions simples et ergonomiques ainsi que des tableaux de bord et des rapports automatiques pour répondre notamment aux besoins de monitoring énergétique.
j3e – Les professionnels du secteur sont habitués aux systèmes d’automatisme et de supervision « constructeur ». Quelle est la particularité de Niagara ?
T.C. – Niagara est une solution logicielle éditée par la société Tridium qui évolue depuis 15 ans. Elle est utilisée par de très nombreux constructeurs dans le monde. En France, seuls quelques-uns d’entre eux la commercialisent, mais aux Etats-Unis, Niagara fait partie intégrante des solutions proposées par la grande majorité des constructeurs. On peut faire une analogie entre Niagara et Android, le système d’exploitation de Google. Il est la base logicielle pour fournir des applications diverses et variées. Niagara est conçu sur le même principe. Tridium fournit le noyau logiciel à de nombreux constructeurs et intégrateurs afin qu’ils construisent leurs propres applications. Avec plus de 450 000 instances Niagara vendues dans le monde, il s’agit de la solution leader dans son domaine.
j3e – Pourquoi plusieurs constructeurs sont-ils amenés à utiliser cette même technologie ?
T.C. – Niagara est un middleware. C’est-à-dire que sa fonction est de faire communiquer des applications et des réseaux différents afin de les rendre interopérables et de leur faire échanger des données. Niagara permet de rendre compatibles des systèmes de constructeurs différents, qu’ils utilisent des protocoles ouverts ou certains protocoles propriétaires (nous sommes capables de reprendre plus de 200 protocoles de communication différents).
j3e – Sur le terrain, comment fonctionne votre solution ?
T.C. – Concrètement, la plateforme Niagara est embarquée sur un contrôleur de zone que l’on appelle JACE (Java Application Control Engine). Ce JACE possède des ports de communication pour reprendre les réseaux terrains et les réseaux IP. Les données remontées sur le JACE sont ensuite standardisées en un modèle unique. Il devient alors très simple de faire interagir différents réseaux. Par exemple, une température d’une sonde LonWorks peut être reprise dans une boucle de régulation BACnet sans utiliser de passerelle ou de logiciel tiers. C’est la fonction de middleware.
j3e – Donc Niagara est une sorte de « super-passerelle ». Il existe beaucoup d’équipements multi-protocoles de ce type. Quel est l’avantage de Niagara vis-à-vis des autres solutions ?
T.C. – En plus de l’aspect multi-protocoles, Niagara est également un contrôleur capable d’exécuter tout type d’automatisme global et de fournir une supervision Web. Toutes ces fonctions sont intégrées à l’origine sans aucun surcoût. L’automatisme et toutes les vues de supervision sont directement embarqués sur le JACE. L’architecture est donc totalement distribuée, sans point critique comme l’on pouvait en avoir avec les anciens systèmes centralisés. Ce qui différencie également Niagara des autres solutions, c’est son écosystème, élément capital pour une solution ouverte. Après 15 ans d’existence, c’est plus de 1 500 sociétés d’intégration qui mettent en service chaque jour des installations Niagara dans le monde.
j3e – Quelles sont les fonctions standards proposées dans Niagara ?
T.C. – Elles sont très nombreuses. Il est possible de répondre à beaucoup de Afin de mieux répondre aux demandes des bureaux d’étude et des exploitants, Btib a développé des outils complémentaires, tels qu’Active-Office pour le recloisonnement graphique ou un éditeur de courbes pour permettre à l’utilisateur de créer ses propres courbes à la volée. Toutes ces applications complémentaires ont vocation à simplifier et améliorer le fonctionnement des bâtiments. Niagara permet aussi de communiquer en Web Service avec des applicatifs tiers. Il devient ainsi très simple de connecter les bâtiments à des logiciels d’optimisation énergétique ou des GMAO.
j3e – Toutes ces fonctions ne sont-elles pas compliquées à gérer pour un intégrateur GTB ?
T.C. – Non, bien au contraire. Avec d’autres solutions, l’intégrateur utilise souvent plusieurs logiciels pour réaliser toutes ces fonctions. Parfois, le travail doit être fait par 2 personnes aux compétences différentes, impliquant ainsi de la coordination. Avec Niagara, la programmation se fait très simplement et avec le même outil. Les intégrateurs peuvent même travailler sur un JACE simultanément, facilitant ainsi l’intégration de gros projets. De même les vues Web ne nécessitent aucune compétence de développement informatique ou de langage de type HTML : tout se fait graphiquement. En deux mots, on propose moins de temps de coordination et moins d’outils à gérer.
j3e – Quels types de bâtiments vos solutions équipent-elles ?
T.C. – Niagara se distingue par son adaptabilité à tout type de bâtiment grâce à son architecture système modulable. Chaque JACE est autonome sur sa zone (acquisition, automatisme et vues Web de supervision) et peut échanger ses informations vers d’autres JACE et vers un serveur pour l’archivage et l’administration. Sur de petits sites, un seul JACE est souvent suffisant. Pour des sites de taille plus conséquente, plus de JACE sont distribués dans le bâtiment. En termes de coût, cette solution est particulièrement avantageuse pour les sites de petites et moyennes tailles car toutes les fonctions d’une GTB sont incluses. Ainsi, l’infrastructure nécessaire est beaucoup moins lourde et comme nous l’avons vu, les coûts de mise en oeuvre nettement plus faibles. Moins de matériel, moins de coordination et moins de temps d’ingénierie pour créer une GTB.
Niagara permet de communiquer avec tous les équipements, de réaliser des fonctions d’automatisme comme des programmes horaires, du délestage, des calculs sur le comptage, etc. Avec ce même et unique outil, Niagara offre une supervision Web accessible depuis un simple navigateur Internet sans coût de licence.
j3e – Dans ce contexte, quelle est la fonction de Btib ?
T.C. – Btib a développé un réseau d’intégrateurs basé sur une association de compétences indépendante des constructeurs. Nos partenaires construisent leur offre, basée sur Niagara, pour répondre aux problématiques de leurs marchés. Btib les accompagne au travers d’un support technique réactif et d’une proximité importante pour leur permettre de réduire leur temps de mise en oeuvre. La valeur ajoutée apportée par Btib se situe dans notre capacité à diminuer les incertitudes et les temps d’ingénierie en apportant des solutions de productivité pour des installations de qualité à des coûts maîtrisés. Btib distribue Niagara en direct de son concepteur Tridium depuis plus de 12 ans et notre équipe possède une grande expérience sur ces solutions. Nous sommes le meilleur interlocuteur pour mettre en place des architectures évoluées dans le cadre de projets innovants.
j3e – Comment voyez-vous l’avenir de Niagara en France ?
T.C.– Le réseau d’intégrateurs Btib est passé d’une quinzaine de sociétés en 2011 à plus de 70 aujourd’hui. Niagara prend de plus en plus d’ampleur et s’impose comme la solution incontournable sur le marché de la GTB, quelle que soit la marque des équipements en couche basse. Les intégrateurs sont désormais confrontés à des demandes d’optimisation énergétique, de gestion de Smart Grid, etc. Niagara leur apporte une solution complète permettant de faire le lien entre les équipements terrains et des couches applicatives spécialisées.