Le développement de la fibre optique a réellement débuté le 1er avril 2012, quand les autorités publiques ont validé l’obligation pour toute nouvelle construction collective de disposer d’une infrastructure pré-équipée en fibre optique. Mais les contraintes sont encore nombreuses et ralentissent le déploiement. Parallèlement à cela, les fournisseurs d’accès Internet développent une véritable panoplie de services. Les services collectifs à l’immeuble évoluent grâce à la numérisation et à la diversification des réseaux.
Lever au maximum les contraintes de raccordement
Fleur Pellerin, ministre de l’Economie numérique, a présenté une ordonnance de simplification des procédures pour raccorder les immeubles collectifs en fibre optique lors d’un Conseil des ministres. L’objectif est de lever les difficultés relatives à l’obtention d’autorisation pour ce raccordement. Fleur Pellerin a décidé d’y remédier en présentant une ordonnance destinée à clarifier la procédure. Ce texte permettra de mieux catégoriser les immeubles, de distinguer les charges financières et les acteurs qu’elles concerneront et, surtout, de diminuer les délais fixés précédemment. L’ordonnance prévoit aussi de « sécuriser le pouvoir de sanction » de l’Arcep : l’Autorité pourra faire respecter les obligations pesant sur les entreprises régulées, et notamment les obligations de couverture des opérateurs de téléphonie mobile.
Le nombre d’abonnés fibre optique décolle
L’Arcep, l’Autorité de régulation des communications électroniques et des postes, a publié les chiffres du marché de détail et de gros à fin 2013 dans son observatoire du marché des communications électroniques en France.
Sur le marché de détail, c’est-à-dire chaque pasde-porte, le nombre d’abonnements au haut et au très haut débit s’élève à 24,9 millions au 31 décembre 2013, en croissance de 260 000 en un trimestre et de 900 000 en un an (+ 4 %). 540 000 de ces abonnements sont des accès FttH (+ 75 000 en un trimestre et une croissance de + 72 % en un an). Pour le marché de gros, c’està- dire par immeuble, 11,6 millions d’accès sont dégroupés au 31 décembre 2013, soit une hausse de 688 000 lignes en un an (+ 6,3 %). Les opérateurs maintiennent le rythme de déploiement des réseaux FttH, avec 3 millions de logements désormais éligibles aux offres FttH, soit une hausse de 9 % en un trimestre et de 38 % en un an. Dans plus de la moitié de ces logements, au moins deux opérateurs sont en mesure de commercialiser des offres de détail (+ 36 % sur un an). Certains logements peuvent bénéficier de plusieurs accès au très haut débit, par réseau câblé, réseau FttH, ou réseau cuivre. L’ouverture du VDSL2 à l’échelle nationale depuis le 1er octobre 2013 a ainsi permis à plus de 2,3 millions de lignes de cuivre d’être éligibles au très haut débit. Au total, 11 millions de logements sont éligibles à des services à très haut débit supérieur ou égal à 30 Mbits/s et 6,5 millions à très haut débit supérieur ou égal à 100 Mbits/s. Ces chiffres vont ouvrir la voie à la multiplication des services Internet pour les abonnés.
Donner un sens à la fibre optique
Tous ces services se positionnent sur la domotique pour valoriser le bien immobilier.
- La distribution d’un accès Internet collectif, pour accéder à des services Web de téléassistance de vie, de navigation et de messagerie ;
- le maintien à domicile et la santé ;
- le contrôle des éclairages, des blocs autonomes et d’éclairage de secours ;
- la mesure des consommations des fluides (eau, gaz, électricité) ;
- la mesure des émissions de fumées de la chaufferie résidentielle ;
- l’affichage de la consommation électrique dans les logements ;
- le contrôle fonctionnel des ascenseurs ; – la vidéosurveillance des espaces communs ;
- le contrôle d’accès adapté aux handicapés à interphones et vidéophones IP…
L’ensemble de ces services consomment des débits dont la convergence sur un même réseau implique de faire appel à la fibre optique.
Le FttH (Fiber to the Home), ou « fibre optique jusqu’à l’abonné », s’impose comme un support technique de pointe pour assurer des connexions performantes capables d’accompagner la montée en puissance des débits appelés par ces services.
Fort des bilans tirés de différentes actions, Ramez Fakhi, d’IDFO-Habitat, Institut pour le développement de la fibre optique et des services liés dans l’habitat numérique, a structuré ses réflexions selon deux principaux axes de progrès : 1. Favoriser une offre globale d’infrastructures domiciliaires associant une couche numérique et une couche domotique répondant à des typologies de services simples, cohérentes et évolutives. 2. Favoriser le développement d’un vivier d’installateurs détenant ces compétences, en réponse à un besoin clairement exprimé par les opérateurs des réseaux de communication ainsi que par les professionnels, promoteurs et gestionnaires des immeubles.
Ramez Fakhi précise que « ces deux axes de progrès doivent donner un élan à un nouveau métier en devenir. Ce nouveau métier requiert des connaissances maîtrisées en optique et électriques courants faibles ».
IDFO-Habitat nomme cela : « la fibrotique ». « Le concept fibrotique incarne dès lors le savoir-faire maîtrisé dans trois spécialités complémentaires et interopérables que sont le déploiement de la fibre optique conjuguée avec une technologie réseau IP, les offres des services pour les parties communes de l’immeuble et les offres des services domiciliaires. »
Les installateurs détenteurs de ce savoir-faire forment ce qu‘IDFO-Habitat appelle « les intégrateurs fibroticiens ». Ils seront les principaux acteurs du déploiement du FttH et joueront un rôle dynamique dans le secteur de l’économie numérique. Mais pour créer cette dynamique il faudra apporter des réponses à deux préoccupations :
- La contrainte des coûts qui pèse sur les promoteurs immobiliers.
- La contrainte du savoir-faire qui pèse sur les professionnels de l’intégration.
IDFO-Habitat numérique propose trois mesures pour aider à l’émergence des « fibroticiens » et contribuer à l’accélération des déploiements du FttH :
En direction des acteurs amont et aval du déploiement de la fibre
IDFO-Habitat numérique propose d’engager une réflexion sur la création de partenariats entre « fibroticiens », opérateurs FAI et de services, promoteurs, gestionnaires d’immeuble et industriels. Cette réflexion devra traiter tous les aspects liés aux compétences et au savoir-faire nécessaires.
En direction des pouvoirs publics
IDFO-Habitat numériqe propose d’engager une réflexion sur l’élargissement du cadre réglementaire pour aider les acteurs technologiques, en particulier les maîtres d’oeuvre et installateurs, à accéder au statut de « fibroticien certifié », pour déployer à la fois les infrastructures des réseaux de télécommunication en fibre optique et les usages liés à la gestion technique des logements. Cette approche globale de la conception du logement numérique favorisera l’émergence de nouveaux métiers stratégiques pour l’économie et pour l’emploi.
En direction des différents acteurs publics et privés, avec une proposition d’engager une réflexion sur un modèle économique de développement de la filière « fibrotique ».