L’efficacité énergétique est l’affaire de tous, c’est une évidence. Pourtant, durant les grands chocs énergétiques (au premier rang desquels les grands chocs pétroliers), l’accent était volontiers mis sur le consommateur. C’était l’époque des « petits gestes », de la lutte « contre le gaspi » et de toutes les campagnes dites de « sensibilisation ». L’idée sous-jacente était que l’inefficacité énergétique naissait d’un mauvais usage de la ressource (ce qui est toujours vrai), et qu’il appartenait au seul consommateur de modifier ses usages et habitudes afin d’y remédier (ce qui s’est révélé plus complexe qu’en apparence). En raison de l’absence d’un signal prix fort et de l’inertie des comportements, il y a depuis quelques années comme un renoncement à jouer sur le seul levier comportemental. On peut s’en féliciter, tant celui-ci n’est qu’un des aspects du problème. Mais l’on a vu dans le même temps les doctrines se succéder les unes aux autres. En ce qui concerne le bâtiment, par exemple, l’un des postes clés de notre dépense énergétique, les analystes se seront concentrés tour à tour sur l’efficacité énergétique « passive » ou « active », le « tout isolation » le disputant alors au « tout pilotage ». Puis sur les EnR, avec les effets de mode (et les effets d’aubaine) que l’on sait. Comme si la diversification du mix dispensait d’améliorer l’enveloppe du bâtiment, comme si l’isolation des combles était séparable d’un meilleur pilotage des applications… À cet égard, les rumeurs qui circulent autour de la future « loi de transition » ne laissent guère augurer un véritable changement de paradigme.
À sa modeste échelle, 3e Médias entend participer à l’émergence d’une vision moins segmentée de l’efficacité énergétique. Moins repliée sur les prés carrés. Une vision holistique du bâtiment, en somme, dont le titre de notre nouveau site Internet, filiere-3e.fr, se veut l’incarnation. Car c’est bien l’ambition de « faire filière » qui nous anime, et qui devrait animer les pouvoirs publics s’ils souhaitent voir émerger en France, dans les années à venir, une véritable filière d’excellence, exportant son savoir et ses produits d’un côté, relocalisant des services à haute valeur ajoutée de l’autre. Et conciliant l’engagement (inévitable à terme) contre le changement climatique avec la défense de notre compétitivité et de nos emplois. Un vœu pieux ?