« Il est impératif de pouvoir répondre aux attentes clients et notamment sur les nouvelles technologies et impératifs réglementaires. »
1 Quel est votre sentiment sur l’activité économique ?
Le ralentissement est notoire depuis 2009. Pour garder une activité suffisante, beaucoup d’entreprises ont diminué leurs tarifs et ont gardé leur personnel. Certains employés étaient présents depuis des lustres, il était impossible de diminuer leur rémunération. Dans des sociétés familiales, la relation avec les employés est très forte et, plutôt que de licencier, on rogne sur les marges. Au final, cela conduit à des fermetures d’entreprises. Mais ceux qui ont résisté ont beaucoup d’activité. Je compare cette période avec celle de 1990 qui précédait un boom de l’activité. Je suis convaincu que nous sommes au plus bas et que cela va repartir. Mais pour cela, il est impératif de pouvoir répondre aux attentes clients et notamment sur les nouvelles technologies et impératifs réglementaires.
2 Pour bénéficier des aides d’Etat, les particuliers devront faire appel à une entreprise validée RGE « Reconnu Grenelle Environnement » dès 2015. Comment va procéder Qualifelec pour qualifier ses 6 000 adhérents ?
Toutes les qualifications installations électriques peuvent obtenir la MEE (mention économie d’énergie) dès lors que l’entreprise peut justifier qu’elle a fait une formation type Fibat ou équivalent et ceci à titre probatoire pendant deux ans. Ensuite, il faudra présenter des références de chantiers et des audits. Il est probable que des critères d’installations réalisées seront demandés. Par exemple, dans le photovoltaïque, il faut la mention SPV. Pour cela, il faut être qualifié en installation électrique et avoir la mention SPV. Mes prédécesseurs chez Qualifelec ont fait en sorte que les qualifiés puissent avoir les mentions MEE pour rester dans la course. Maintenant, je dois proposer l’innovation pour nos qualifications. Elles doivent rentrer dans une dynamique pour qu’un maximum d’entreprises électriques viennent se qualifier. RGE est une chance, même si tous les travaux ne sont pas concernés. C’est l’intérêt que mettent les pouvoirs publics à valoriser la qualification qui donnera de la valeur à toutes les qualifications. Ce qui ne fut pas le cas, sinon nous aurions plus de 6 000 qualifiés. Le RGE va faire prendre conscience aux clients et aux installateurs que la valeur est dans la qualification reconnue. Nous sommes certifiés par le Cofrac et trois collèges indépendants (clients, installateurs et fabricants). Il faut s’approcher de l’excellence et montrer son savoir-faire.
Moi, je souhaiterais que nous puissions évoluer dans nos qualifications pour les rendre plus modernes et plus adaptées, c’est-à-dire plus visibles du grand public, en changeant les intitulés, pour être plus commercial et plus simple dans la façon de les mettre en place. Par exemple, aujourd’hui, pour avoir une mention RGE, il faut avoir la qualification de base plus la mention, ce qui représente deux démarches séparées.
3 Deux nouvelles qualifications ont fait leur apparition : Bâtiments communicants et Branchements et réseaux. Quelles seront les prochaines ?
Je ne peux pas tout vous dévoiler mais il paraît évident que Qualifelec certifie tous les métiers d’intervention de l’électricien. Nous souhaitons également que la nouvelle qualification Bâtiments communicants entre aussi dans le RGE. Nous devons trouver un moyen pour faire un cumul. L’entreprise qui s’engage dans la démarche ne doit pas perdre de temps. Nous vivons une mutation du métier d’électricien. Aujourd’hui, l’automatisation est encore marginale, mais la tendance s’inverse. Branchements et réseaux ERDF est une qualification pour ceux qui sont en relation avec les régies, ce qui arrive régulièrement quand l’installateur intervient en sous-traitance. Par contre, la qualification Bâtiments
communicants doit aller plus loin. Cette formation est au milieu du gué car elle rassemble trop de choses, sauf de l’électricité. Qualifelec mesure les compétences sur la sécurité, la vidéosurveillance, les automatismes ou la domotique. Je souhaite proposer une qualification électrodomotique RGE (mix entre électricité pure et automatisation) au conseil d’administration. La prise en compte de l’environnement est le sens de l’histoire. Il y a 20 ans, l’électricien cassait les tubes fluorescents dans la poubelle. Aujourd’hui, personne n’imagine le faire. Pour cette qualification d’électrodomoticien RGE efficience énergétique, on trouverait des compétences en électricité, validées par exemple par des rapports du Consuel en technologies nouvelles comme la domotique avec un minimum de compétence en économie d’énergie. Un installateur qui aurait fait de la domotique pour de la régulation de chaudière et de l’efficience énergétique serait qualifié RGE.
4 Vous souhaitez donc une formation unique ?
Presque. Cette qualification serait générique pour le nouvel électricien. Il doit dorénavant se trouver au coin de la rue et être sensible aux nouvelles technologies. Il doit connaître les règles de la mise en sécurité de la NFC15-100 et être sensible aux économies d’énergie. Tout cela sous une seule qualification et non trois. Il suffirait d’ajouter des modules, sans se lancer dans une démarche coûteuse en temps et en argent. Le but n’est pas de prendre de l’argent mais de simplifier la vie des entreprises.
5 Et de nouvelles formations en éclairage ou photovoltaïque ?
Effectivement, ces sujets font partie des autres idées de qualification. Il est impératif de bien conseiller le client sur l’emplacement de ses éclairages, mais il faut en comprendre tous les détails. L’efficience énergétique dans l’éclairage doit être maitrisée. On ne conseille pas une boutique, une école ou un particulier de la même manière car les incidences financières (investissement/facture) ne sont pas identiques. Il existe d’autres organismes qui dispensent des formations comme l’AFE pour l’éclairage. Mais il faut bien comprendre que Qualifelec est l’organisme qui certifie les entreprises d’électricité. Nous devons évoluer pour rester l’organisme certificateur de référence et, surtout, être plus performant et dynamique. Par exemple, il y a une envie de travailler étroitement avec d’autres organismes de qualification et tout particulièrement Qualit’ener. Nous devons mieux nous positionner pour être plus présent sur le territoire. Egalement, je peux vous dire que nous n’avons pas encore de qualification optique mais que cela fait partie des projets et réflexion en cours.
6 Vos objectifs pour 2014 ?
Nous avons actuellement 6 000 adhérents alors que le secteur compte 40 000 entreprises artisanales d’électricité. Il nous faut convaincre les installateurs de la nécessité de se qualifier et en présenter l’avantage commercial. Mais pour cela, il faut également trouver un moyen de qualifier plus rapidement les dossiers et accélérer le processus. Quand une entreprise fait la démarche, c’est souvent après un appel d’offres gagné, et attendre six mois pour recevoir la certification est beaucoup trop long. La façon de faire doit changer. Par contre, pour les 6 000 qui doivent passer la certification RGE, le processus sera plus rapide car il nous suffit de vérifier les documents (attestation de stage, formations RGE, installations réalisées…).