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Analyste de données de réseaux intelligents, un métier du futur ?

Dans leur grande majorité (85 %), ils anticipent également une modification du paysage concurrentiel dans les cinq années à venir, avec une montée en puissance des nouveaux entrants sur les marchés de l’efficacité énergétique, de la gestion active de la demande, des services de données et de la production décentralisée.

Menée auprès de 54 cadres dans 13 pays, l’étude Digitally Enabled Grid montre que 98 % des gestionnaires d’énergie développent naturellement aujourd’hui une stratégie d’investissement ciblée sur les technologies smart grid, que ce soit pour poursuivre la modernisation du réseau électrique ou pour optimiser l’analyse des informations y afférentes.

« Pour garantir une énergie sûre, fiable et abordable aux consommateurs, les gestionnaires d’énergie vont devoir réaliser des investissements technologiques et d’infrastructure significatifs afin de tenir compte des nouvelles variables de l’offre et de la demande que représentent les véhicules électriques, l’énergie photovoltaïque distribuée, les micro réseaux et le stockage de l’énergie« , explique Patrice Mallet, Directeur de l’activité conseil pour le secteur des Utilities-Energie d’Accenture France. « Notre étude confirme le fait que les gestionnaires d’énergie tablent sur les solutions smart grid pour réduire les coûts de maintenance et de modernisation du réseau tout en gagnant en fiabilité, mais aussi pour pouvoir y intégrer de nouvelles technologies. »

Près de deux tiers (60 %) des participants à l’étude déclarent que « l’analytique » constituera le premier poste d’investissement de leur entreprise dans le domaine des smart grids au cours des prochaines années. Un taux encore plus élevé en Amérique du nord, où 75 % des répondants sont de cet avis.

Accenture a par ailleurs calculé qu’en investissant dans l’analyse des données provenant des réseaux intelligents, un gestionnaire d’énergie nord-américain « type » pouvait escompter une économie annuelle de l’ordre de 40 à 70 dollars par compteur électrique. Selon ces estimations prudentes, les domaines d’analyse qui recèlent le meilleur potentiel sont la gestion des actifs, suivie de l’exploitation du réseau, de la gestion des pertes « non techniques » (fraudes) et de la gestion des pannes. Une opinion que partagent les dirigeants interrogés : 92 % considèrent en effet les investissements analytiques dédiés au fonctionnement du réseau et à la gestion des actifs comme les plus productifs.

Pour tirer pleinement parti des réseaux intelligents, il est indispensable d’avoir une vision des systèmes et des données à l’échelle de l’entreprise, via l’intégration des systèmes informatiques traditionnels aux solutions opérationnelles requises pour gérer le réseau en temps réel. Mais si la convergence des technologies de l’information et des technologies opérationnelles est essentielle dans un secteur de plus en plus complexe et régi par les données, l’étude d’Accenture montre que la grande majorité des gestionnaires d’énergie ne sont pas suffisamment armés pour relever le défi.

Globalement, les dirigeants interrogés font de l’accès à des compétences informatiques de pointe une condition sine qua non à l’exploitation optimale des données générées par les réseaux intelligents ; or, pour l’heure, seuls 25 % estiment disposer des ressources et capacités analytiques nécessaires. En outre, plus de 80 % reconnaissent avoir encore des progrès à accomplir dans la gouvernance et l’intégration de données, ainsi que dans le déploiement d’outils d’analyse adaptés.

Les énergéticiens devront surmonter un certain nombre d’obstacles avant de pouvoir gagner en rentabilité et en fiabilité. Leur avenir s’annonce de plus en plus complexe, et 85 % des répondants s’attendent à une concurrence accrue dans les cinq prochaines années, notamment dans le domaine des services à valeur ajoutée, des services de données et de la production décentralisée.

Les nouvelles technologies représentent à la fois une source d’opportunités et d’enjeux pour les opérateurs d’infrastructure d’énergie, et les participants à l’étude sont aussi nombreux à y voir un levier de croissance qu’une menace pour le modèle économique actuel : 43 % pensent ainsi que la production d’énergie décentralisée se traduira par de nouvelles opportunités de chiffre d’affaires, et 43 % qu’elle conduira à une baisse de revenu ; les 14 % restants n’anticipent aucune incidence.

« Les opérateurs d’énergie auront deux possibilités : intégrer ces évolutions lorsqu’elles se feront jour, ou collaborer avec les régulateurs pour tenter d’en canaliser et d’en maîtriser l’impact sur le secteur« , poursuit Patrice Mallet. « Les plus performants sont ceux qui sauront capitaliser sur l’analytique et adapter leur modèle économique pour mettre à profit ces nouvelles technologies. »

Méthodologie de l’étude

L’étude Digitally Enabled Grid d’Accenture s’appuie sur des entretiens menés dans 13 pays, auprès de 54 cadres travaillant pour des gestionnaires d’énergie, totalisant un chiffre d’affaires de 680 milliards de dollars en 2012 et un parc de plus de 230 millions de compteurs électriques. Les responsables interrogés étaient tous impliqués dans les décisions relatives aux réseaux intelligents au sein de leur entreprise respective. Plus de la moitié (55 %) exerçaient aux États-Unis et au Canada, 33 % en Europe (Allemagne, Italie, Espagne, France, Royaume-Uni et Pays-Bas), 6 % au Brésil et en Argentine et 6 % également à Singapour, au Japon et en Australie. Près de trois quarts (70 %) représentaient des opérateurs intégrés. Les entretiens ont été conduits par téléphone par le cabinet d’étude Kadence entre avril 2013 et début septembre 2013.

Nicolas Ruscher: Titulaire d'un Master 2 en management des médias à l'Université Paris Dauphine, je suis désormais journaliste et directeur de la stratégie numérique de Filière 3e.