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Applications – Biesheim adopte le smart lighting – Lumière n°01

Développement durable dans un village alsacien

À vingt minutes à l’est de Colmar, sur les bords du Rhin, est implantée la commune de Biesheim (2 500 habitants). Administrée par Georges Trescher, qui exerce son 5e mandat, la municipalité cultive, de longue date, préservation de l’environnement et nouvelles technologies. C’est ainsi que, pour marquer les cent ans de l’arrivée de l’électricité dans la commune, il a été décidé d’optimiser son premier poste de dépense énergétique : l’éclairage public. Gérard Hug, chargé de la médiathèque et de la communication, explique les 3 premières opérations mises en œuvre.

«Nous sommes entrés dans une situation budgétaire particulièrement contrainte. » Même pour une commune aussi dynamique que Biesheim, son expansion remontant au début des années 1960 avec l’ouverture du canal d’Alsace suivie par l’implantation de plusieurs entreprises internationales, « l’argent ne tombe plus seul », compte Gérard Hug. Aussi, convient-il d’analyser scrupuleusement chaque ligne budgétaire et de dégager des économies de fonctionnement, tout en prenant en compte les nouvelles contraintes réglementaires. « Nous mesurons au plus juste les coûts d’exploitation et de maintenance », ajoute Jean-Christophe Engel, directeur des services techniques depuis le début des années 1980. C’est notamment le cas au niveau de l’éclairage public qui, quelles que soient les contraintes énergétiques et économiques, doit continuer à « assurer le confort et la sécurité des usagers tout en limitant les nuisances nocturnes et environnementales ».

Une nouvelle façon de penser l’éclairage
La commune a sollicité le bureau d’étude alsacien LMS Ingénierie, créé par David Lebel en 2008, qui s’est livré à « une nouvelle façon de penser l’éclairage public ». Un impératif lui a toutefois été imposé.

Depuis 1965, est implantée à Biesheim l’entreprise Constellium (anciennement Alcan-Rhenalu) qui produit des laminés d’aluminium. C’est pourquoi la commune a été parmi les premières à utiliser des mâts d’éclairage réalisés en aluminium. Toujours en parfait état, il a été demandé de les conserver. Par ailleurs, pour être en phase avec la politique environnementale développée par la municipalité, le nouvel éclairage public devait permettre de diminuer les consommations énergétiques d’au moins 30 %, d’accroître la qualité d’utilisation des rues, de donner une identité lumineuse à la commune, d’améliorer la maintenance à travers des luminaires durables et recyclables et, enfin, de bénéficier d’un système évolutif.

Après une série de mesures photométriques et une analyse de l’état du réseau et des armoires, a été conçue une installation exemplaire au niveau de la mixité des technologies choisies (ferromagnétique, électronique, LED et télégestion). Soulignons, à ce propos, que David Lebel a écarté l’installation d’un abaisseur de tension au niveau des armoires car, affirme-t-il, « cette solution aurait interdit toute évolution future vers la LED ou les alimentations électroniques ».

Au total, le parc « éclairage public » de Biesheim compte 750 points lumineux : 450 de 4 m de hauteur ; 300 de 9 m. Une de ses particularités repose sur le fait qu’il ne compte aucun luminaire « boule », Jean-Christophe Engel estimant, tests à l’appui, que ce type de luminaire favorise trop le vandalisme. « Ça tombe bien », puisque souvent équipé de lampes à vapeur de mercure qui seront interdites en 2015.

Pour Yves Fanack, le rôle d’un fabricant tel que Rohl consiste à maîtriser la chaine complète d’intégrations «Smart Lighting» afin de mieux conseiller les acteurs de l’éclairage public. En effet, il ne suffit pas de mettre en place un module LED ou un ballast électronique pour rendre performant l’éclairage d’un site. Ce sont les solutions qui doivent s’adapter aux problématiques de la ville et non le contraire.

Au cours d’une première phase de travaux, trois opérations ont été menées, l’entreprise SPIE-Est ayant assuré leur mise en œuvre :

– tout d’abord, 122 luminaires ont été remplacés par des lanternes Lyxéo® (point jaune) équipées de ballasts électroniques gradables, et fabriquées par le constructeur alsacien Rohl. Avant rénovation, les luminaires étaient équipés de lampes sodium haute pression (SHP) de 150 W tandis que chaque ancienne platine ferromagnétique consommait 30 W. Au total, l’ensemble des 122 luminaires consommait annuellement (4 200 h) 90 720 kWh. Aujourd’hui, chaque Lyxéo® est équipé de lampes SHP de 100 W tandis que chaque nouvelle platine électronique ne consomme que 9 W. En sachant que, toutes les nuits, la puissance de chaque luminaire est réduite de moitié entre 21 h 30 et 7 h 30, l’ensemble des 122 points lumineux rénovés ne consomme plus que 35745kWh… «ce qui représente une économie annuelle de 60 % de consommation et de 7 kVA d’abonnement », souligne Yves Fanack, directeur commercial de Rohl.

Dans chaque mât, a été installé un contrôleur SL 42-EDA-1T, permettant, outre la gradation de l’éclairage, la mise en place de la télégestion ainsi que la remontée des pannes vers un navigateur Internet.

– enfin, 5 nouveaux luminaires LED Celso (point jaune), premier luminaire LED
100 % maintenable sans outil, ont également été équipés de réducteurs télégérables au point lumineux. Ils ont remplacé des luminaires équipés de lampes SHP de 70 W et de ballasts ferromagnétiques de 15 W, les 5 points lumineux consommant annuellement (4 200 h) 1 680 kWh. Actuellement, la puissance totale installée représentée par les 5 luminaires LED s’élève à 65 W, chaque nuit, entre 21 h 30 et 7 h 30, leur puissance étant réduite de 60 %. Sur l’année, la consommation s’élève à 941 kWh, ce qui représente une économie d’électricité de 44 % par rapport à 5 luminaires « traditionnels ». Ces tests ont permis à la municipalité de disposer d’une vision pour les futurs investissements, notamment au niveau de l’intégration de la technologie LED, en ne considérant uniquement que les coûts de maintenance ; donc, le coût du module LED seul, d’une part, et l’opportunité du luminaire d’être « maintenable » sur site, d’autre part.

Un exemple de smart lighting

Adepte des nouvelles technologies, Georges Trescher est aujourd’hui un maire satisfait. Avant même qu’un de ses administrés ne s’aperçoive d’un dysfonctionnement au niveau de l’éclairage public, le service technique est déjà alerté, via un iPhone, un smartphone ou un PC. « Avec cette application d’Internet Explorer, il est possible de contrôler l’ensemble du réseau, d’ajuster le niveau d’éclairement souhaité, de décaler les horaires d’allumage ou d’extinction des lampes, et de consulter l’historique des interventions à distance », conclut Gérard Hug pour qui, le prix de l’énergie ne cessant d’augmenter, les communes n’ayant pas anticipé la gestion économique de leurs installations d’éclairage, « n’auront plus comme seule ressource que d’éteindre ».

A suivre pages 30/31 …

… Les produits « vedettes » mis en œuvre à Biesheim (luminaires et contrôleur d’éclairage)

(1) La facture électrique représente 28 % de la facture énergétique globale de Biesheim, l’éclairage public représentant, quant à lui, 40 % de l’électricité consommée.

(2) Rappelons, à ce propos, que, en 2015, seront interdites les lampes à vapeur de mercure dites ballons fluorescents.

L’AVANT-GARDISME ALSACIEN

Dans la région de Colmar, on est familiarisé depuis bien longtemps avec les lumières urbaines.

C’est en effet en 1848, que la ville de Colmar s’est équipée d’une première installation d’éclairage public… au gaz. Environ 150 années plus tard, la ville alsacienne se singularise à nouveau en réalisant un des premiers plan lumières français auxquels ont contribué deux concepteurs Jean-François Arnaud et Duilio Passariello. Son objectif principal ? En complémentarité de l’éclairage, accroître l’attractivité du centre historique pour les touristes et les habitants. Son originalité ? Déjà en 1995 a été possible de faire varier l’intensité lumineuse et de bénéficier de changements de couleur et d’ambiance pour « révéler » le patrimoine et « réveiller » ses détails originaux.

 

Filière 3e:
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