Le pédagogue et la garantie de bonne fin
«Le conseil ça se paye », assène Marc-Antoine Micaelli à une assemblée d’électriciens, d’intégrateurs et autres professionnels de la domotique. Ils sont venus écouter les experts du domaine, et ils n’ont pas pour habitude de mettre en bas d’un devis un chiffre pour le temps passé à étudier la réalisation pour un client. Marc-Antoine Micaelli les y encourage et insiste : « Regardez l’architecte, il vous facture même son bonjour, je ne suis pas sûr que ce soit positif pour la profession ». Domoconsulting donne des formations depuis 2006. Aujourd’hui, Marc-Antoine Micaelli a acquis l’expérience pour animer son public de professionnels de l’électricité. Les doutes, les enthousiasmes, les idées positives et les négatives… il sait les gérer. Lors de sa conférence qui avait pour nom, tout un programme, « Comment concevoir une installation domotique/multimédia ? Analyse des besoins, choix des solutions, chiffrage… », le consultant-domoticien se fige avec un sourire candide : « Il faut à un moment mettre fin à la discussion avec un client par un plan et une garantie de bonne fin. La pire des choses en domotique, c’est de travailler gratuitement à cause du phénomène de fantasme du client qui croit que tout est possible. »
À l’origine, rien n’était écrit pour ce fils de ferronnier d’un village de la montagne corse, né en 1972 à Sartène. Il traverse la mer pour le continent avec le bac en poche en 1990, et son chemin le mène jusqu’à l’université de Jussieu pour étudier les maths et la physique. Il obtient un Deug A. Mais son objectif d’intégrer l’armée de l’air tourne court. En 1992, on lui indique que, à cause d’une myopie latente, il ne pourra pas piloter de Mirages. Nous sommes en 1992, il a 20 ans et Marc-Antoine Micaelli se retrouve dans une société d’automatismes et de sécurité, spécialisée dans l’installation de sas et autres passages sécurisés pour le monde bancaire. « Ça a été le tournant pour moi », et les débuts de la découverte de la domotique. « Puis je me suis trouvé à moderniser les premiers systèmes d’asservissement chez Polygram (futur Universal Music), pour protéger les masters d’enregistrements des artistes sur un site à Antony », se souvient le domoticien.
Marc-Antoine Micaelli part en 1994 du côté de Grenoble pour continuer à creuser le sillon de la domotique. À 22 ans, il fonde, au pied des Alpes, Dom Avenir et importe des États-Unis un produit de commande à distance par courant porteur. C’est le X10 qu’il fait adapter à du 230 volts. Son premier client sera un hôtel Climat de France, qui grâce à ce matériel pouvait contrôler, depuis la réception, le chauffage dans les chambres. Dom Avenir aura pour actionnaires les frères bretons Guillemot, leaders français des jeux vidéo. Mais, entre-temps, le fabricant américain du X10 s’installe en Europe, avec une agence basée à Paris. Marc-Antoine Micaelli est contraint de fusionner en 1999 et voit l’application d’une stratégie qui n’est pas la sienne, celle de vendre les produits dans les grandes surfaces de bricolage. « Je suis parti en 2001 à Montpellier avec le projet de revenir au marché professionnel, celui avec lequel j’aime travailler. » Une rupture qui sera à la base de la création de Domoconsulting en 2004, aujourd’hui un réseau de 15 experts en France qui réalisent 500 à 700 installations et 26 en Italie.