A l’heure ou l’Afrique s’éveille à la croissance et promet un développement économique et social accru pour les années à venir, la question énergétique est aujourd’hui primordiale. Particulièrement au regard des enjeux climatiques et du grand nombre de régions isolées encore privées d’électricité. De nombreuses initiatives ont vu le jour ces dernières années pour inciter les pays africains à investir dans les énergies renouvelables et décarbonées au détriment des combustibles fossiles, et renforcer ainsi des capacités de production insuffisantes compte tenu de la pression démographique et de l’augmentation des besoins en électricité qui en découle. Autant de programmes d’aide au développement qui ont toutefois sous-estimé les problèmes de gaspillage énergétique et ignoré les gains économiques substantiels qu’offrent de nos jours des politiques d’efficacité énergétique raisonnées.
L’efficacité énergétique en Afrique
L’énergie la moins chère sera toujours celle que l’on ne consomme pas, une maxime bien connue mais qui ne peut s’appliquer aujourd’hui à l’Afrique. Les décideurs politiques africains et leurs partenaires au développement concentrent en effet prioritairement leurs actions sur la production et la distribution, qu’elles soient d’origine fossile ou renouvelable, oblitérant ainsi les questions d’efficacité et de sobriété énergétique.
Pourtant et selon une étude de la Banque mondiale, le potentiel africain en matière d’efficacité énergétique est aujourd’hui considérable. Qu’il s’agisse de cogénération lors de la production de sucre, de distribution d’électricité, d’éclairage en mode basse consommation, d’équipements industriels, d’appareils électroménagers, d’isolation ou de ventilation domestique, les secteurs d’action sont nombreux et permettraient de réduire de manière significative la consommation et le nombre de délestages, encore quotidiens dans certaines régions.
Dans le bâtiment par exemple, qui constitue certainement le plus important gisement d’économies d’énergie en Afrique, l’absence d’isolation, caractéristique des constructions africaines, implique un gaspillage énergétique conséquent durant les fortes chaleurs estivales. La climatisation se développe (pour ceux qui ont un pouvoir d’achat suffisant) alors que dans la plupart des cas, une meilleure isolation, associée à une ventilation optimale, permettrait de limiter le recours à l’air conditionné.
Comme dans d’autres pays en développement, la réalisation de ces projets permettrait l’expansion économique de l’Afrique par la mise en place de politiques fortes et de mesures de déploiement de l’efficacité énergétique. Un objectif à long terme qui nécessitera obligatoirement la pratique de l’efficacité énergétique aussi bien en milieu résidentiel, tertiaire qu’industriel, la promotion de la valorisation des énergies nouvelles ainsi que le renforcement des capacités des ressources humaines (techniciens et opérateurs des systèmes énergétiques, concepteurs et projeteurs, communicateurs sur l’énergie, décideurs et stratèges de politiques liées à l’énergie, etc.).
La prochaine édition du New York Forum Africa consacrée à l’énergie du continent africain évoquera ces grands défis à venir et tentera une nouvelle fois d’attirer l’attention des investisseurs étrangers sur le potentiel africain, tout en réfléchissant à des solutions énergétiques fiables efficaces et durables, adaptées aux marchés résidentiels, commerciaux et industriels. Organisé à Libreville au mois d’août prochain par la société Richard Attias & Associés, ce forum international accordera également une place significative à la jeunesse et à l’adéquation nécessaire des formations proposées aux besoins de l’économie, plus particulièrement dans la filière énergétique.